« The Revenant » : western de survie…

Qu’est-ce qui fait le succès d’un film ? Une belle histoire, des images choc, des acteurs connus, une belle couverture média, une gestion pointue de la sortie… Sur tous ces critères, « The Revenant » coche toutes les cases. Ce sera donc, à n’en pas douter, un succès au box office. Pour autant, est-ce un bon film ? La réponse est plus ouverte. Dans les « plus », la prestation hallucinante de Di Caprio qui nous transmet sa souffrance dans tous les pores de notre peau. La caméra est aussi parfaite, tantôt à hauteur d’homme dans les scènes de combat, tantôt plus aérienne pour montrer l’immensité désolée du paysage ( bravo à l’image, en particulier, dans la scène de chasse du début ). Jusqu’à quelle extrémité un homme diminué peut-il aller pour essayer de survivre ? Le film « la Mort suspendue » avait déjà raconté ce type d’expérience inimaginable, avec une économie de moyens qui avait rendu l’histoire captivante. « The Revenant » excelle aussi dans ce guide de la survie en milieu hostile. Di Caprio nous touche beaucoup dans ce combat titanesque contre lui-même. On peut cependant regretter une certaine froideur dans le scénario, avec des personnages peu bavards qu’on ne fait que survoler ( le rôle du fils par exemple ). Reste que le réalisateur a voulu donner une autre dimension à son film, avec cette quête de vengeance qui donne lieu à un combat final particulièrement gore. Cette fin, mâtinée d’une violence extrême – très américaine ! – m’a semblé nuire à la qualité de l’histoire. Comme si l’histoire d’une survie improbable ne se suffisait pas à elle-même. Le film rentre donc dans le moule d’un scénario classique avec un face à face final brutal, alors qu’officiellement, il revendique sa différence. D’ailleurs, pour renforcer son caractère commercial, le réalisateur y ajoute quelques gadgets consensuels comme ce groupe de trappeurs français pourris jusqu’à la moelle. Et on donne à l’attitude du méchant une noirceur multiple que la peur seule aurait pu justifier. En bref, ce film aurait été un chef d’oeuvre s’il n’avait pas ambitionné de truster le box office, avec quelques ficelles dans le scénario qui semblent être les garantes d’un succès populaire. Oui assurément Di Caprio mérite son Oscar qu’il est allé chercher au bout de lui-même. Mais si Hollywood n’avait pas toujours cette ambition de faire des films planétaires, nul doute qu’ils auraient pu faire de ce récit le film le plus captivant qu’on puisse imaginer. Dommage !