Le délire est un registre très compliqué en humour. Emmener les spectateurs dans un univers déjanté est un pari risqué car il y a de grandes chances que vous en laissiez quelques uns au bord de la route. Ou qu’ils restent hermétiques à votre façon de sortir des sentiers battus. Bref, la probabilité de susciter l’unanimité n’est pas acquise.
Il n’y a guère que Dany Boon dans son sketch du « Kway », ou Albert Dupontel dans quelques unes de ses réalisations ( notamment le brillant « Neuf mois ferme » ) qui y sont arrivés. Sans parler du mythique « Delicatessen » de Jean Pierre Jeunet.
Autant dire que Laurie Peret, nouvelle venue sur la scène, s’attaque à un genre difficile. Elle a pour cela quelques atouts : mi-sauterelle, mi godiche, elle suscite tout de suite le rire et l’empathie. Elle en use… C’est parti pour un peu plus d’une heure de délire explosif où elle vous emmène dans des terrains mouvants, scabreux, foldingos… Elle sait y faire pour surprendre son public… Elle raconte, par exemple, son accouchement avec une poésie très personnelle, ou elle reprend un tube de Patricia Kaas à sa sauce, piquante bien évidemment…
Hélas, c’est dur de tenir le rythme. Et le spectacle ne tient pas toute la distance… Comme tout premier spectacle, tout n’est pas totalement abouti… Et elle cède parfois à la tentation de jouer avec son public, ce qu’elle fait bien au demeurant, mais qui brise le tempo de son spectacle.
Laurie Peret est donc une promesse pour l’humour décalé. Elle ne plaira pas à tout le monde, mais elle a un talent qui ne demande qu’à se révéler, à se polir, pour éclater sur de grandes scènes. Pour les quelques moments où j’ai été plié de rire, je recommande son spectacle…