Global BioEnergies ( GBE ) vous est inconnue ? Normal… Mais vous allez vite en entendre parler. Cette société de biologie industrielle, cotée en Bourse, est en train de réussir son pari. Créée en 2008 seulement, GBE ne vise pas moins que de réaliser un rêve un peu fou : créer du pétrole, ou plus exactement des dérivés d’hydrocarbures ( isobutène notamment ) à partir de sucre et de déchets végétaux. On va bientôt ranger le pétrole parmi les énergies renouvelables !
Marc Delcourt et Philippe Marlière, deux chercheurs en biologie, soutiennent depuis longtemps qu’ils ont les moyens de produire de l’isobutène et du butadiène, deux dérivés du pétrole dont on fait des plastiques, des caoutchoucs, des verres organiques, des peintures, des carburants, etc… Tout cela à partir de résidus de cannes à sucre, ou de betteraves sucrières, voire à partir de copeaux de bois. A l’origine, les investisseurs boursiers étaient amenés à visiter leur laboratoires en région parisienne où ils concoctaient un procédé révolutionnaire dans leur premier simulateur. C’était un peu fou ! Sympathique, mais chacun était un peu comme St Thomas, à savoir très sceptique…
Mais depuis quelques mois, les investisseurs sont devenus très attentifs. De grands industriels sont venus signer des accords dont les termes sont encore inconnus, mais qui semblent valider la technologie. L’allemand Audi, Le Suisse Clariant, le français Arkema sont très excités depuis que le premier pilote industriel de Pomacle, près de Reims, débite des échantillons à demande d’un carburant à 99,7° d’octane. Tous les acteurs du sucre se frottent les mains, en premier lieu la coopérative Cristal Union ( sucre Daddy ), associée au projet dès le départ. Ils vont pouvoir écouler leurs excédents de sucre à l’horizon d’un avenir proche. Et c’est un marché énorme qui s’ouvre à eux…
Un simulateur industriel est en construction à Leuna en Allemagne qui validera définitivement la technologie. Le début de nombreux futurs contrats de licence avec des groupes chimiques du monde entier.
Bien sûr, certains grincheux commencent à s’inquiéter que des terres agricoles puissent être détournées de leur mission de nourrir l’humanité. Point de risques, puisque la technologie n’est pas encore compétitive à ces niveaux de prix du pétrole pour produire massivement des carburants. Seuls quelques dérivés du pétrole à haute valeur ajoutée sont à court terme à portée de rentabilité. Mais le marché n’en reste pas moins très large. De plus, la société travaille sur l’utilisation de déchets végétaux, voire sur des dérivés du bois avec un récent accord avec un exploitant forestier suédois.
En 1974 la France se glorifiait de ne pas avoir de pétrole, mais des idées. GBE a fait mieux : elle a des idées pour avoir du pétrole !…
L’avenir nous promet de belles choses, apprenons juste à les voir…