Dernière leçon du vieux Clint

Le voilà le film-testament du vieux Clint !

Le plus prolifique réalisateur américain. Un homme qui nous a fait rêver en tant qu’acteur, avant de nous emporter dans ses propres histoires souvent bien ficelées. Clint Eastwood a un vrai talent pour saisir l’air du temps, cette poussière invisible qui conditionne nos vies et nos comportements, quand ce n’est pas nos emportements.

Avec « Juré n°2 », il aborde notre envie irrépressible de justice, et en même temps notre propension à parfois nous arranger avec elle. C’est connu, la recherche du bien-être personnel est l’alpha et omega de nos contemporains, quel qu’en soit le prix. Quel qu’en soit le prix, vraiment ? nous interroge le vieil homme de 94 printemps. L’illustration de cette question est lumineuse, avec un scénario d’une simplicité confondante. Le fait divers paraît tellement peu alambiqué qu’on se demande comment un scénario peut tenir sur cette trame. Mais c’est sans compter sur les ficelles d’un réalisateur roué qui introduit des petits rebondissements, tenus mais suffisamment prégnants pour faire monter la pression.

Tout serait plus facile, si l’homme n’était pas doté d’une conscience. Bonne ou mauvaise, elle fait son travail de sape, solidement secondée par les remords d’un côté, et l’envie d’aller au bout des choses, de l’autre. L’étau se resserre donc inexorablement, comme un noeud coulant autour de la jolie tête du héros, joué subtilement par l’acteur inconnu Nicholas Hoult. Il est tellement sympathique que le spectateur prend un peu fait et cause pour lui.

Mais la justice ne se mégote pas. La procureur jouée par une Toni Collette ambitieuse et expéditive, avant de se raviser, se révèle une menace grandissante. Qui va gagner ce jeu du chat et de la souris ?

Le dernier ( vraiment ? ) film de Clint nous renvoie l’image d’une société de compromissions qui a perdu ses repères et ses idéaux. Ce n’est certes pas son meilleur film, mais il met joliment un point final à une filmographie ambitieuse qui nous a toujours dérangés dans nos petits conforts. Un grand Monsieur… Il va nous manquer. Nous avons diablement besoin de Jeremy Cricket dans nos mondes très égoïstes….