De Villiers : un homme sincère…

 

C’est un livre que je n’aurais pas lu spontanément si on ne me l’avait pas conseillé. De Villiers, voilà bien un homme politique qui semble  « has been » !… Et puis, je n’ai jamais vibré sur les idées du bonhomme. Trop anti-européen à mon goût !… Cela dit, je l’aime quand même un peu, car je lui reconnais deux grandes qualités : son honnêteté et sa sincérité. On peut aussi mettre à son actif une grande cohérence dans ses propos et ses actions.

La lecture de ce livre promettait des surprises : on n’est pas déçu !… Sous prétexte qu’il est maintenant retiré de la politique, Philippe de Villiers sulfate à tout-va. Avec un vrai talent dans l’écriture ( il a une très grande maestria dans l’utilisation de notre langue ). Mais aussi, reconnaissons-le, il touche juste et fait mouche à presque tous les coups. Sa critique de quelques grands ténors de la politique ( Chirac en particulier ) est un enterrement en règle. Sa dénonciation des relations malsaines entre les médias et les politiques est particulièrement bien vue ( cf. page 190-191 qui m’ont estomaqué sur la façon brutale de tordre le bras à TF1 ). Tout le récit est fait d’anecdotes et de faits incroyables qui nous font rire jaune, le plus souvent.

Mais le vicomte ne s’arrête pas à la politique : il parle aussi de l’islam ( propos assez alarmiste ), de géo-stratégie ( passages sur Soljenitsyne et sur Poutine assez convaincants ), d’éthique dans les affaires, et aussi de la disparition inquiétante des abeilles. Sans parler d’un long chapitre sur le fonctionnement au quotidien du Parlement Européen qui est assez glaçant.

Au final, ce livre se lit avec passion. Même si vous n’êtes pas chrétien, conservateur et anti-européen. On peut reconnaître au bonhomme un vrai amour pour la France et une qualité très très rare dans la classe politique : il voit loin, et essaye de déterminer les risques qui pèsent à long terme sur le pays. Son engagement pour la défense des abeilles s’inscrit dans cet état d’esprit. Cela le rend sympathique…

Oserais-je l’avouer ? Ce livre m’a troublé. Il a fait tanguer mes convictions européennes les plus établies. Aurions-nous suivi une mauvaise voie, en faisant de l’Europe un continent totalement ouvert, c’est à dire à la merci des intérêts de nos grands amis américains ? Ne faisons-nous pas preuve de naïveté dans la construction du monde de demain ? Notamment en confiant les clefs de tout notre univers numérique aux GAFA ( Google Apple Facebook Amazon ) ?

Assurément, Philippe de Villiers mérite d’être réhabilité. Il faut aller au delà de l’image de hobereau provincial réactionnaire que les médias lui ont collé pour définitivement le réduire au silence ( le début du livre raconte bien comment s’est opérée cette mise au placard ). Les défaillances de l’Europe que nous constatons chaque jour, avaient été prédites avec acuité par le « réac vendéen ». Ne serait-ce pas une raison suffisante pour le faire rentrer à nouveau dans le périmètre de nos considérations ? Et puis à l’heure où la classe politique est totalement discréditée, n’oublions pas que Philippe de Villiers est sans doute le seul homme politique qui ait davantage rapporté à la collectivité nationale qu’il lui a coûté. En effet, le « Puy du Fou » dont il est le fondateur et l’architecte, laissera dans les comptes et les mémoires de la nation un souvenir plus indélébile que n’importe quel quinquennat ou autre septennat…