Le premier Gladiator avait marqué les esprits avec une évocation de la Rome Antique déchirée par les jeux de pouvoirs, la corruption et l’abandon des valeurs ayant construit la prééminence de la grande cité sur son époque. La puissance de jeu de Russell Crowe, alors jeune comédien peu connu, avait contribué à un succès mérité du film, le consacrant comme péplum le plus réussi de l’histoire.
Une suite, près de 24 ans après , avait-elle un sens ? Un intérêt commercial, en tout cas, au vu du budget faramineux de ce Gladiator 2 qui vise à nous en mettre plein les yeux. Objectif atteint de ce point de vue, car les scènes de combat et de luttes dans l’arène sont d’une belle intensité.
Hélas, la surprise n’est plus au rendez-vous, le film donne une impression de « redite » par rapport à son illustre prédécesseur, sans apporter grand chose de neuf. On découvre quand même ce tandem d’empereurs, Geta et Caracalla, qui n’a fonctionné que pendant la seule année 211 ap JC. Deux êtres falots, mais d’une cruauté sans nom. La mère Lucilla joue sans passion la femme ballotée par les événements entre un mari général victorieux et un fils perdu qu’elle retrouve dans les troupes de gladiateurs appelées à se faire hacher menu. Quant au personnage de Macrinus, le négociant d’esclave, il occupe tout l’espace avec l’abattage souriant d’un Denzel Washington sans limites. Il s’est donné sans doute un vrai plaisir d’acteur, au prix d’une crédibilité du personnage sans doute un peu écornée. Pour ce qui est du jeune Lucius, esclave et combattant de l’arène, il se dépense sans compter, mais Paul Mescal n’a pas le charisme de Russell CroweLe film divertit bien, malgré tout, surtout quand on repère subrepticement des légionnaires romains noirs dans les troupes d’élite de la garde prétorienne. Le wokisme s’autorise décidément toutes les audaces.
Qu’importe !… Le spectateur est là pour se distraire; le film est une vraie réussite. Pas sûr, cependant, qu’il entre dans les annales des meilleurs films autour d’une époque romaine qui continue à nous épater. Les ambitions humaines y sont tellement fortes que cela rassure sur la moindre nocivité de notre vie contemporaine