Un nouveau film argentin qui traverse l’Atlantique, c’est souvent la promesse d’un bon moment de cinéma. Gagné ! Ce « citoyen d’honneur » est un film caustique qui constitue une belle réflexion sur la création littéraire. Un film assez surprenant car il n’est pas démonstratif et fait passer des messages avec une jolie économie de moyens.
Cet écrivain Prix Nobel rentrant pour la première fois dans le village reculé de son enfance, c’est le choc classique d’un monde rural plouc mais sincère de coeur, avec un citadin torturé ayant une haute estime de lui. Le film baigne dans une atmosphère à la David Lynch, avec des personnages bizarres qui défilent dans des scènes irréelles, et vont donner à notre écrivain une série croissante d’émotions. Il peste, grimace, soupire et on communie en pensées avec lui : « que vient-il faire dans cette galère ? ».
Le tout est baigné d’un humour grinçant, en particulier au moment où le citoyen d’honneur de la ville doit présider le juré d’un concours local de peinture. On rigole devant ces pèquenauds arriérés, avant de se faire remettre en place par quelques réflexions bien léchées de locaux en révolte. La fin est amusante et inattendue. On y apprend qu’un écrivain n’a besoin que de trois choses pour écrire : un stylo, un papier et beaucoup de vanité. Est-ce là le secret de l’écriture ? L’écrivain amateur que je suis, s’interroge…
En tout cas, ce n’est pas la recette que s’est appliquée l’auteur du film a lui-même. Il y a là une belle sensibilité et une vraie authenticité. Et derrière la première impression de pochade, on trouve une grande profondeur sur les ressorts de la création. Ce film ne tiendra pas longtemps à l’affiche, mais il mérite amplement d’y être.