« Une vie entre deux océans » est un très beau film. Beau au sens de l’esthétique de l’image. La photo est très travaillée. Quasi envoûtante. Les paysages de mer plongent tout le film dans une réelle ambiance où la dureté des éléments s’ajoute à la solitude, ressentie comme un poids. C’est d’abord un film d’atmosphère. Les jeux d’acteurs sont à l’unisson, avec un Michael Fassbender peu bavard, une Rachel Weisz désespérée et des seconds rôles denses et mutiques. Seule la jeune et mutine Alicia Vikander apporte un éclair de joie et d’humanité dans ce paysage, avant qu’elle ne se fasse rattraper par la mauvaise fortune de l’existence.
Tout cela ferait donc un excellent film, si l’histoire n’était pas un peu de commande au service d’une émotion téléphonée. Au risque de déplaire, j’avoue ne pas avoir été touché par ce film. Malgré le bon jeu des acteurs, je n’ai jamais senti le picotement des yeux dont je ne suis pourtant pas avare. Un film réussi est toujours une alchimie subtile entre un scénario balisé et une part de surprise et d’imprévu. L’émotion vous prend le plus souvent par surprise. J’ai en mémoire le très touchant film britannique « Une belle fin » dont la fin m’avait laissé pantois. Or je n’ai pas été le moins du monde surpris par ces deux océans. Le scénario est hélas bien trop académique.
C’est triste car j’aurais aimé adorer ce film comme la majorité des spectateurs… Cela n’en reste pas moins un beau livre d’image. Dans la rubrique des films de « gardien de phare », il y a beaucoup mieux avec « l’Equipier », film de 2003 avec Sandrine Bonnaire et Gregori Derangère. Leur histoire d’amour m’avait bien davantage touché….