« Les petits mouchoirs » avaient été un grand succès. Il était prévisible qu’il y ait une suite… Sauf qu’un film aussi intimiste ne pouvait prétendre nous surprendre une seconde fois, malgré le plaisir réel de retrouver des personnages attachants.
Guillaume Canet a dû être conscient de cette gageure en construisant « Nous finirons ensemble », si bien que le bon chroniqueur d’un groupe de potes qui avait excellé dans son premier tableau, a durci le trait de son nouveau croquis en prenant du fusain à gros trait. Finis l’humour et l’insouciance. Place aux états d’âme existentiels de la quarantaine finissante!… Comme si l’amitié de ces zozos devait être compensée par des mal-êtres en cascade pour rentrer dans le moule d’une société en crise. Choix discutable sur le fond, mais aussi sur la forme, car une certaine forme d’exaspération du spectateur naît de l’outrance des situations. Cluzet a beau être, une fois de plus, excellent acteur, son personnage est particulièrement crispant. Les autres aussi d’ailleurs, si bien que le film passe parfois pour un jeu de quilles à renverser. Seule une femme apporte une touche de rouge passion dans ce décor bien sombre : le personnage apaisant de l’épouse attentive jouée par Clementine Baert.
Dans ce grand magma d’amitiés douteuses surnage le grand Laurent Laffite, toujours décalé, toujours fidèle à son personnage de doux dingo. Mais globalement on ne rit pas beaucoup dans ce nouvel opus. Et le final en happy end où chacun termine pile-poil sa progression psychologique le temps d’un court séjour collectif paraît très convenu.
Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas été très convaincu. J’aurais aimé l’être car Guillaume Canet est tellement hyper-sensible qu’il sait rendre compte des petits liens qui font le ciment d’une amitié durable. Mais là où « Les petits mouchoirs » avaient su susciter l’identification totale du spectateur, « Nous finirons ensemble » ne donne pas vraiment envie de finir avec eux. Et c’est ce qui m’a le plus gêné dans le film, le sentiment d’être passif, peu impliqué, quasi indifférent… Finalement, je ne suis pas sûr que cette suite était une bonne idée…