La France est malade de ses villes. De ses petites villes de Province notamment, qui meurent à petit feu. Nous connaissons tous des petites villes au centre-ville en déshérence. Des villes qui perdent petit à petit leur âme, pour devenir, sans caricaturer à l’excès, des villes fantômes, comme dans les westerns de notre enfance.
Beaucoup parlent de « désert médical ». Mais c’est bien de désert tout court, quand il s’agit de trouver un boucher, un boulanger, un garagiste….
C’est un des scandales de notre époque. Alors que nos grandes villes souffrent de sur-population avec des problèmes de logement et de transport inextricables, nos villes en régions perdent souvent des habitants. Toutes les régions sont concernées, à l’exception peut-être du Midi où, c’est connu depuis Aznavour, « la misère est moins pénible au soleil ». Mais, même là, une ville comme Arles, pour ne citer qu’elle, a une population qui stagne depuis une vingtaine d’années. En fait, toutes ces petites villes perdent aussi surtout de leurs attraits, faute d’y trouver le minimum de services pour le quotidien. L’aménagement du territoire est un échec total. Plus un gouvernement n’en parle depuis Edith Cresson en 1984.
Alors, quand on rencontre une petite ville qui semble échapper à ce mouvement général, on s’interroge et on regarde cet animal bizarre. Comme un lapin qui aurait mystérieusement échappé à une épidémie de myxomatose. La petite ville du Puy est de celles-là.
Le Puy en Velay ( 19.000 habitants ), préfecture de la Haute Loire ( 43 ) est pourtant une ville en déclin. Elle a perdu un quart de ses habitants depuis 1975. Malgré cela, elle donne une impression de dynamisme. C’est une ville qui vit; intensément même ; son centre-ville est riche de magasins divers; les restaurants y sont nombreux ; la population y est jeune ; on y trouve des bars ouverts jusqu’à très tard le soir. Bref, on y est bien… La ville qui est dominée par une très belle statue de la Vierge ne semble pas abandonnée des Dieux.
Comment expliquer cette situation ? Pourtant plus petite que Vierzon, Le Puy est vingt fois plus dynamique. Ce ne sont pas les transports qui font la différence, puisque le train pour y accéder est un tortillard depuis St Etienne. Près de 5 heures de trajet depuis Paris, un enfer !!!… On est donc tenté de mettre cela sur le compte du tourisme, notamment religieux avec une belle cathédrale. Le Puy est assurément une ville où souffle l’esprit. En plus, c’est le point de départ d’une des ramifications du Chemin de Compostelle. Mais cela suffit-il pour compenser son enclavement ? Alors, c’est l’industrie, se dit-on ? Pas vraiment, puisqu’on n’y compte qu’une usine Michelin et un gros atelier d’Hermès.
La seule raison qui apparaît en dernier ressort est l’action politique, puisque Laurent Wauquiez y a été maire pendant de nombreuses années. J’avoue que l’explication ne me plaît qu’à moitié, car je ne suis pas fan du personnage. Mais c’est une explication qui peut tenir… Et puis, après tout, qu’importe l’étiquette et les idées du premier édile, l’important est bien de faire de sa ville un lieu de vie agréable.
Le Puy en Velay m’apparaît, en tout cas, comme un oasis dans un environnement des régions catastrophique. J’espère que nos politiques vont enfin réaliser l’importance que nous-autres Français puissions nous ré-approprier pleinement notre territoire. Nous ne pouvons plus avoir des lieux infernaux à vivre pendant 11 mois, pour trouver le repos dans nos campagnes le dernier mois de l’année. Un ressaisissement général est une urgence absolue.