L’interview d’Emmanuel Macron, ce dimanche soir, sur TF1 a été un grand moment de communication politique. Un très bel exercice qui a achevé de me convaincre que nous avions un grand président. Un homme que j’ai pourtant combattu lors du premier Tour de la Présidentielle. Mais le temps a passé. L’homme se bonifie; il s’est glissé habilement dans les habits de la fonction. Il a poli son discours au contact de la réalité du pouvoir. Et surtout, il aborde les problèmes du pays avec pragmatisme et réflexion.
Quel plaisir de l’entendre parler d’économie avec la métaphore de la cordée d’alpiniste !… Dire que nous sommes tous liés pour arriver au sommet, le chef d’entreprise comme premier de cordée pour tailler le chemin, mais aussi l’ouvrier, le retraité et tous les autres comme membres à part entière de l’expédition. Si l’un chute, toute la cordée chute. Et sans chef de cordée, l’échec est pareillement assuré… Voici qui a le mérite de la clarté, même pour ceux qui ne comprennent rien à l’économie…
Le débat télévisuel a été très stimulant. Notre Président exprime réellement une volonté de changement, pas seulement dans la finalité de son action politique, mais aussi surtout dans la méthode. Et c’est dans la méthode qu’Emmanuel Macron innove totalement. Il s’affranchit des modèles de prêt-à-pensée dans lequel on s’ingénie, notamment chez les journalistes, à vouloir réduire le débat politique. Et il apporte une vision neuve, iconoclaste, des problèmes. Il fallait voir le pauvre David Pujadas totalement à l’ouest avec ses questions pour comprendre à quel point le President le déconcerte. Macron est incasable dans l’échiquier des commentateurs politiques. Réjouissant !
Le sujet où le Président m’impressionne le plus est quand il s’est expliqué sur sa politique du logement, et la réduction des APL. Voilà une décision qui contribue très marginalement à la baisse des dépenses publiques. Elle est très impopulaire et a été considérée comme une faute politique. Mais Macron nous explique que la hausse constante des APL, ces dernières années, n’a guère aidé le logement des jeunes car les loyers ont augmenté d’autant. De plus, les organismes d’HLM qui bénéficient des subsides de l’Etat n’ont pas investi dans la construction autant qu’ils auraient dû le faire, certains accumulant des réserves. Bref, le coût du logement était condamné à continuer à monter avec la politique traditionnelle du « toujours plus ».
Macron montre qu’il est décidé à casser la spirale. Il va réorienter les aides au logement dans une politique qui cherchera l’efficacité plutôt que l’inflation des moyens. C’est de la dynamite…
Dans le même temps, en tant que professionnel du patrimoine, je bois du petit lait avec la concentration de l’ISF ( qui devient IFI ) sur les seuls actifs immobiliers. C’est ahurissant, car cela fait trente ans, de Mehaignerie à Robien, que l’investissement dans la pierre est sponsorisé par des avantages fiscaux indécents. On a ainsi poussé les Français à investir dans l’immobilier, alors même que la psychologie nationale et la peur du risque les prédisposent naturellement à la chose. Tout cela s’est fait aux dépens de la bourse et des valeurs mobilières, puisqu’aujourd’hui, à peine 8% des Français détiennent des actions ( contre 15% il y a six ans ). Ce qui revient à donner de la drogue à des junkies, ou donner de la dope immobilière à des Français déjà shootés par le placement dans la pierre. Ces politiques absurdes ont fait monter l’immobilier de manière incontrôlée, rendant impossible aux jeunes générations de se loger correctement.
Macron aborde le problème autrement, et c’est pour cela qu’il a des chances de réussir. C’est courageux !… Oui, j’ose le dire : tout cela sent bon l’intelligence pure et je suis devenu macroniste !…