C’est la caverne d’Ali Baba de la bonne chère. Le temple du goût, de la gourmandise et des émotions culinaires…
La visite des Halles de Lyon est sans doute le meilleur moment d’un retour dans ma ville natale. Tout a été fait pour que vous y soyez bien. Les étalages sont un régal pour les yeux; les produits respirent la santé et la fraicheur; les dégustations sont nombreuses; des petits coins de restauration permettent de céder à l’appel des huîtres, des viandes, des jambons Serrano, des fruits de mer ou de toutes autres envies qu’il vous plairait d’assouvir sur l’heure. Les fruits vous aguichent aussi sûrement que les pâtisseries, ou le coulant St Félicien de la Mère Richard. Vous êtes là pour émoustiller vos sens, papilles en apesanteur, truffe au vent, toucher qui vous fourmille, oeil en pâmoison.
Nulle part je ne me sens aussi bien que dans les Halles de Lyon. Je crois que j’y élirais facilement domicile. Pour prendre d’abord un verre chez les Gones, un Ricard ou un Beaujolais au comptoir, et échanger avec le patron des résultats de la veille de l’OL; Pour admirer les filets de cabillaud tellement suaves que vous avez des envies de sushis pantagruéliques. Pour conter fleurette à toutes les jolies serveuses qui divertissent votre attention, un instant seulement, de leur étal plantureux. Pour échanger avec un quidam des avantages compétitifs de l’Utah Beach, de la Fine de Clair et de la Bouzigues. Pour déguster pieusement un Jésus, l’air inspiré, avant de poursuivre par un tablier de sapeur, la tête sous la serviette. Pour retrouver le goût de banane, de myrtille et de cerise du beaujolais primeur. Pour finir sur un café torréfié-maison, né sur les contreforts des Andes péruviennes.
Je finirais ma journée à cuver sous le portrait géant de Bocuse, assis sur un banc public devant l’école maternelle où j’ai usé mes fonds de culotte. L’oeil rivé sur ce temple de la gastronomie qui donne à mes amis Lyonnais les plus belles émotions.