Le dernier Asterix : vers une renaissance ?

C’est un fait bien étrange. Une chose qui interpellerait tout extra-terrestre découvrant notre planète. L’être humain achète ses yaourts et ses petits pois dans un supermarché. Il trouve là tout ce qui est mangeable. Mais il arrive que le bipède faisant ses courses s’arrête devant une tête de gondole pour ajouter à son caddie, au milieu de ses victuailles, une bande dessinée probablement non comestible : le dernier « Asterix ».

C’est un achat d’impulsion qu’on fait par fidélité à ses plaisirs d’enfant, même si les deux derniers albums n’ont guère été emballants. Les distributeurs l’ont bien compris qui placent l’album dans des lieux inattendus. On achète le dernier Asterix comme on cède à un besoin pressant. Continuer la lecture de Le dernier Asterix : vers une renaissance ?

Je suis tombé amoureux…

C’est une merveille !… Une pépite bien enfouie dans la toile et que, par le hasard d’un surf, vous découvrez de manière impromptue. Une vidéo de Haley Reinhard, jeune chanteuse à la voix envoûtante qui a repris de très nombreuses chansons mythiques du répertoire pop américain, avec un résultat sidérant qui fait presque oublier l’original.

La beauté d’une voix, c’est un ressenti très personnel. Ainsi, par exemple, je n’ai jamais vibré à celle d’une grande chanteuse canadienne aux multiples succès. Par contre, une chanteuse plus obscure comme Gil Caplan m’a toujours pris aux tripes, au point que je cumule ses albums.

Mais pour définir la vidéo ci-dessous, il n’y a pas de mots. C’est la vidéo aux 40 millions de vues, et on en redemande. Continuer la lecture de Je suis tombé amoureux…

« Maryline », l’eau d’un puits profond…

Ce film m’a touché… C’est un superbe portrait de femme, authentique et puissant, porté par une jeune actrice incroyablement talentueuse. N’importe comment, un film de Gallienne ne peut pas être autre chose que profond, tant il est vrai que l’auteur des « Garçons et Guillaume, à table » sait merveilleusement capter les tréfonds de l’âme. Ce petit rien qui est le ressort de chacun.

Dans le cas de cette jeune femme, on le découvre lentement, car le personnage est mutique et fermé. Il s’en dégage une douleur secrète, un manque de confiance en soi, une pulsion destructrice… Gallienne nous promène de scènes en scènes, avec à chaque fois, une tension latente. Le spectateur Continuer la lecture de « Maryline », l’eau d’un puits profond…

Borg/McEnroe : duel au sommet…

Le film est surtout un bain de jouvence pour replonger dans ses jeunes années. Qui ne se souvient pas de cette finale 1980 incroyable où le nom du vainqueur semblait l’enjeu d’une rivalité entre les dieux ? Apollon du côté de Borg, demi-Dieu viking vénéré des filles qui était d’un calme olympien. Dionysos du côté de McEnroe, roi de la folie et de la démesure qui promenait une réputation de sale gosse mal élevé, « superbrat » pour les English, soit « sale morveux ».

Je me souviens bien de ce match et de son indécision totale. Sans doute un des plus grands matchs de tennis de tous les temps. Fallait-il en faire un film, selon cette mode tyrannique du biopic qui veut remettre en image toutes les célébrités passées? Continuer la lecture de Borg/McEnroe : duel au sommet…

« L’Enigme de la Diane », dans le bain de la Royale

Je suis toujours impressionné quand un auteur arrive à marier deux talents : le talent du raconteur d’histoire avec celui de l’historien. Ecrire sur une période qui n’est pas la sienne n’est pas un exercice mineur. Il faut préalablement se rebaigner dans l’époque, collecter des informations, lire des écrits de l’époque, retrouver l’esprit du moment, et parfois aussi la langue. Tout en trouvant une trame qui puisse capter l’attention du lecteur contemporain. Un sacré défi…

Nicolas Grondin, breton d’origine, passionné de livres, s’est attelé à la tâche en 2010 avec un roman visant à ressusciter la Marine Royale de Louis XVI, « L’Enigme de la Diane ». L’histoire d’un jeune garçon, embarqué de force dans une frégate royale en mission pour les Antilles, qui va découvrir la vie de marin sur un navire de guerre où la vie humaine ne pèse pas lourd, mais qui sait faire naître une incroyable solidarité.

Ce livre est incroyable Continuer la lecture de « L’Enigme de la Diane », dans le bain de la Royale

Sur les traces du grand Charles…

Partir pour Colombey-les-deux Eglises, c’est comme une expédition lointaine… L’Aube et Troyes sont des paysages de connaissance, mais au-delà de la Forêt de l’Orient, en poussant plus à l’est, on s’enfonce dans un département français rural, forestier, peu peuplé, qui semble ne guère avoir bougé depuis des siècles : la Haute Marne ( 52 )… Ses villes, Langres, Saint Dizier, Chaumont fleurent bon la France profonde, mais ces lieux ne sont guère des points d’attraction, ni des étapes vers d’autres lieux…

C’est pourtant dans ce coin de France que notre plus grand Président, Charles de Gaulle, s’est enraciné. Il goûtait à son silence et à sa ruralité. C’est là qu’il est enterré, près de sa maison, la Boisserie que nous connaissons tous de nom. Son repaire, Colombey les deux Eglises, village au nom étrange, a souvent éveillé ma curiosité, quand j’étais enfant. Il m’a fallu longtemps pour que je me décide enfin à assouvir cette curiosité… Je n’ai pas été déçu ! Continuer la lecture de Sur les traces du grand Charles…

Sus aux butors !…

L’affaire Weinstein provoque un raz-de-marée incroyable dans notre société. C’était comme si une digue avait cédé, la digue de l’omerta et de la honte. Les femmes se mettent à parler, à dénoncer, à montrer du doigt les hommes aux pratiques indignes. Le harcèlement sexuel est partout, et on voit tomber comme au champ de foire les têtes d’un acteur, d’un homme de radio, d’un producteur, sans parler d’hommes politiques qui avaient déjà suscité l’opprobre pour leur tyrannie auprès de leurs collaboratrices.

On savait que le monde des starlettes était celui des faveurs sexuelles monnayées. C’est un choc de découvrir qu’une star mondiale comme Juliette Binoche a expérimenté des pressions similaires, sans vraiment découvrir si elle y a cédé ou non. Le monde des médias est-il si pourri ? Continuer la lecture de Sus aux butors !…

« Au revoir, là-haut » : simplement parfait…

C’était évident !… Le prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaître était un tel enchantement qu’un film devait suivre. Oui, mais pas n’importe quel réalisateur. Le livre était dense, profondément humain et comportait sa part de subversion et de douce folie qu’il fallait préserver. Albert Dupontel semblait taillé pour un tel défi. Et force est de reconnaître qu’il s’en acquitte superbement…

Sa réalisation est riche, et en même temps concentrée sur l’essentiel du roman. La scène de guerre du début, d’une extraordinaire sauvagerie campe bien le récit dans son jus psychologique. De même, le songe du jeune mutilé dresse en quelques jolies images sépias les relations familiales tendues qui sont le ressort essentiel de toute l’action. Bravo Continuer la lecture de « Au revoir, là-haut » : simplement parfait…

Des mots pour le dire…

Le Point de cette semaine titre sur les menaces pesant sur la langue française. Vaste sujet ! L’interview d’Alain Borer dans ce même magazine mérite vraiment le détour. Il a, à mes yeux, parfaitement raison… Au delà des emprunts à l’étranger qui font partie de l’évolution naturelle d’une langue, notre français est envahi par ce qu’il appelle « l’angloglobal » qui vise à se substituer à notre langue par l’invasion de mots qui font plus branchés, plus dans le coup et éclipse gentiment nos propres mots. Ainsi en est-il de « booster » « positive attitude » »low cost » « selfie » « silver economy » « spoiler »… La mondialisation est passée par là et sa conséquence naturelle, la colonisation de l’anglais dans les milieux économiques. Hélas, elle s’élargit aux autres sphères de la société comme une encre noire sur un buvard tendre.

Les tentatives de résistance sont faibles ( « courriel » pour désigner un mail ) car, à l’inverse de nos amis canadiens, nous n’avons pas la passion de notre langue chevillée au corps. Continuer la lecture de Des mots pour le dire…