Tombés dans l’oubli…

Contrairement aux nombreux chanteurs mis en selle par la Môme Piaf ( Yves Montand, Georges Moustaki, Charles Aznavour, etc… ), les Compagnons de la Chanson ne passent plus sur les ondes radio. Ce groupe de 9 voix harmonieuses parfaitement raccord a pourtant eu une carrière exceptionnelle de près de 40 ans. Ils ont rempli des salles de spectacle pendant des mois consécutifs. Un vrai succès national, bien lancé par la petite Edith Piaf qui ne sentait jamais aussi bien qu’entourée de ces neuf beaux messieurs…

Pourquoi sont-ils donc à ce point tombés dans l’oubli ? C’est un mystère… Les groupes choraux de l’époque ne sont plus en cour. C’est vrai aussi des Frères Jacques, des pros de la chanson à texte qui doublaient leurs chansons de gestuelles et mimiques sur scène comme des clowns de cirque. Des chanteurs passés de mode, dont les extravagances paraissent un peu surannées.

Mais les Compagnons étaient plus sobres.

Leurs chansons étaient marquées par la recherche de mélodie. Tout y était mélange de joie de vivre, de bonne humeur et de romantisme débridé. Ils étaient le parfait reflet de leur époque. Les 30 glorieuses avec un avenir radieux pour tous.

J’ai été personnellement bercé par ces chansons dont mon père était fan. Les disques à la maison étaient exclusivement des disques classiques et ceux des Compagnons de la chanson. Comment n’aurais-je pas pu être contaminé dans ces conditions ? Le virus a été inoculé dès les premiers mois car – paraît-il – je n’acceptais de boire mon biberon que si l’on me fredonnait Vénus. On pouvait plus mal choisir comme refrain pour naître à la vie…

Les Compagnons de la Chanson mériteraient assurément de refaire surface dans notre imaginaire. Leurs voix sont chaudes et chaleureuses, leur entrain communicatif… J’ose croire que le formidable optimisme qui se dégage de leurs rengaines n’est pas obsolète. Notre époque est cynique, certes, mais elle sait reconnaître dans les chansons d’autrefois ce qui est l’expression du coeur. Comme une joie simple qui vous transperce… Ecouter certaines chansons des Compagnons rend joyeux, léger, aérien à l’image d’un Bras dessus, bras dessous ou de Si tu vas à Rio.

Leurs ritournelles sont aussi souvent empreintes de nostalgie comme Verte campagne ( formidable solo de voix de Fred Mella, le dernier des neuf, mort en 2019 ) ou Gondolier, une des plus jolies complaintes de l’amour déçu.

J’aimerais bien que les Compagnons nous charment à nouveau les oreilles dans les médias, et que notre époque les redécouvre. Mais d’ici là, j’ai mes listes sur Spotify pour faire des voyages en voiture sur des airs des années 60, quand tout était plus simple. Et qui sait, plus tard à l’Hospice, peut-être finirai-je ma soupe au son de Venus….

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