Vidocq… Le nom est connu, et c’est sans doute le premier flic de France à avoir connu la notoriété. Claude Brasseur y a bien contribué, en endossant le rôle dans une série des années 70. Mais cette notoriété est d’abord due à lui-même. Car Vidocq était un personnage vraiment peu ordinaire.
Avec « l’Empereur de Paris », le réalisateur Jean François Richet s’est attaché à rappeler les origines de bagnard du premier flic de France. Il s’essaye à comprendre ses motivations, pourquoi l’homme est passé du camp des malfrats à celui de la police. Exercice à vrai dire peu concluant, car on n’en sait guère plus sur les ressorts de l’homme après le film. Alors, faute de réussir à nous expliquer ce virage psychologique, le réalisateur nous embarque dans une descente en eaux profondes dans le Paris du 1er Empire.
Nous voilà plongés dans une ville populeuse, crasseuse, pleine de coupe-jarrets et de tire-laines à tous les coins de rues. Une Paris qui pue la misère. Une ville en proie à la violence et à la loi du plus fort. A côté de cela, les uniformes rutilants des grenadiers évoquent l’épopée napoléonienne, pleine de gloire. Monde de contraste bien rendu dans un film qui brille à restituer son époque. Mais comme écrasé par ce merveilleux décor, le scénario se fait un peu discret, au rythme de violents combats qui maintiennent l’attention du spectateur. Il y a un manque de direction ferme dans l’histoire.
Heureusement quelques personnages secondaires donnent de la consistance. Lucchini parfait en Fouché cynique au phrasé cinglant; James Thierrée convaincant en aristocrate devenu hussard qui cherche à récupérer ses biens confisqués par la République, Denis Menochet très dense en inspecteur sceptique, véritable Javert hugolien avant l’heure. De manière générale, les seconds rôles sont si réalistes, si haut-en-couleur qu’on a l’impression de voir des personnages de Balzac. Quant à Vincent Cassel, il a une puissance de jeu qui le rend crédible, à l’inverse de la jeune Freva Mayor, un peu trop contemporaine dans son jeu et trop jolie pour être une fille de rue.
Cet « Empereur » est donc plaisant, sans être transcendant. Il vaut le déplacement surtout pour la reproduction du Paris napoléonien. Il constitue aussi sans doute à ce jour l’évocation la plus réaliste du premier chef de la police. Un homme complexe et ambigu auquel un scénario un peu plus poussé aurait peut-être su mieux rendre hommage.
Ce sera pour la prochaine fois car, à coup sûr, Vidocq ne mourra jamais sur nos écrans…