Un film dont on tombe amoureux…

« L’Amour ouf » est un drôle de titre pour un film de 2 h 40 qui se veut très ambitieux et a eu l’honneur d’être sélectionné à Cannes. Un titre un peu racoleur, à destination du jeune public vers lequel il lorgne ostensiblement.

Honnêtement le film n’avait pas besoin de ce subterfuge en verlan. Il se déguste facilement comme une version « à la French » de « Il était une fois en Amerique », le chef d’oeuvre de Sergio Leone. Beaucoup de similitudes avec ce grand classique : le long passage sur l’enfance, une histoire d’amour vibrante, la guerre des gangs, la violence, une image qui imprime la rétine, une musique très prégnante… Et une plongée dans le passé, celui-là pas si lointain puisqu’il s’agit des années 90 avec tous leurs marqueurs ( téléphones, cassettes-audio, voitures, etc… ) qui feront bien rire les ados d’aujourd’hui.

Autant le dire, pour le public un peu âgé, il y a a beaucoup de jouissance à retrouver une époque, l’esprit d’une époque où tout semblait plus léger, avec notamment une pègre fréquentant les églises, des boites de nuit à paillettes, et des jeunes désoeuvrés faisant les 400 coups. L’histoire d’amour naissante est touchante avec deux jeunes acteurs très expressifs. La prison va, cependant, vite séparer les tourtereaux. Pendant douze longues années, ce qui permet ensuite de mettre en selle, que dis-je, sur orbite, François Civil et Adèle Exarchopoulos. Le charisme de ces deux-là n’est pas étranger au succès du film. Ils sont parfaits, incandescents et le spectateur n’a plus que les yeux de Chimène pour leur love-affair. François est ténébreux et Adèle a un naturel fou, comme d’ailleurs dans tous ses films. Le petit truand se laissera-t-il emporter par l’amour ou par le côté obscur de la force ?

Gilles Lelouche réussit parfaitement son coup avec un film fédérateur dont on parlera encore dans vingt ans. La qualité de l’image est, en plus, époustouflante. Bref, un film-fleuve, épopée enjouée du siècle passé. 2h40 de film où on ne voit guère le temps passer. Un succès ? Oui, mais il y a là aussi les constituants d’un éventuel triomphe.