La richesse de l’offre de films cet automne a failli me faire louper ce très beau film. Le cinéma associatif Chaplin du 15ème m’a permis de rattraper ce retard. Je ne l’ai pas regretté…
Et pourtant, le film partait avec un handicap à mes yeux, à savoir qu’il est issu d’un livre de Christine Angot. Angot l’azimutée du PAF qui est loin de faire l’unanimité. Mais le charme de Virginie Efira a remporté la décision. Quel film !…
Le film a une vraie puissance narrative,avec le récit de cette jeune secrétaire qui, à la fin des années 50, tombe amoureuse dans une soirée dansante d’un garçon ténébreux. La rencontre est parfaite, la reconstitution de l’époque tellement bien dosée que je croyais voir la rencontre de mes parents, telle qu’elle m’avait été maintes fois racontée. Une histoire d’amour très belle dans une époque où les tentatives de rapprochement se limitaient à quelques caresses discrètes. Cette fois, les choses iront vite, comme la promesse d’une certitude. Mais le garçon enjôleur n’est pas celui espéré. Et l’histoire se gâte lentement mais sûrement… La triste histoire d’un amour donné à mauvais escient.
Ce film est un film de femme où l’homme n’a pas le beau rôle. Pouvait-on en attendre davantage de Christine Angot ? Mais quand on apprend que ce film est l’histoire de ses parents, et donc sa propre histoire, on redevient plus compréhensif pour l’auteur. Cela explique beaucoup de choses… Cette implication personnelle rend le récit poignant, notamment dans le personnage de la mère, digne, résignée et sans révolte contre sa vie qui est devenue un champ de ruines. Virginie Efira, en jeune fille amoureuse, puis en vieille femme, est saisissante. Comme le personnage de sa fille, survoltée et implacable, qui se retourne contre sa mère, car elle est trop passive.
Je ne peux pas en dire davantage pour ne pas déflorer le récit, mais la transformation du prince charmant en un autre homme égocentrique et calculateur est absolument glaciale. Une histoire désespérante, qui heureusement traite le sujet avec beaucoup de retenue. Cet amour impossible est d’abord le récit d’une époque où les femmes étaient sous emprise, avec une liberté limitée. Heureusement les moeurs ont évolué, et la France provinciale de Châteauroux a bien changé….
Ce film n’en reste pas moins une oeuvre majeure, puissante au point que son souvenir demeure plusieurs jours après la séance.