C’est connu, Quentin Tarantino est un grand cinéphile, un des plus passionnés en tout cas et dans ce film « Once upon a time in Hollywood », il tente de nous faire partager son amour du cinéma. C’est sans conteste son film le plus personnel. On retrouve, dans ce film, ce qui a fait vibrer le jeune Quentin-enfant quand il ressentait les palpitations du spectateur, devant des westerns notamment. Il y a des extraits de films, des bandes annonces, des scènes se passant dans une salle obscure et beaucoup de ce qu’on se représente des coulisses d’Hollywood.
Dans le même temps, Tarantino célèbre un temps où les images avaient du poids, où la lecture et la radio occupaient les esprits avec fraîcheur, très loin de la saturation et de l’overdose d’images de notre époque. Ce film est un manifeste nostalgique pour l’âge d’or du cinéma,et la période d’insouciance qui l’a accompagnée. Jusqu’à un certain jour d’août 1969 où le massacre de Sharon Tate et de quelques amis a fait perdre au milieu du cinéma la candeur des origines. C’est du moins l’analyse du réalisateur qui s’emploie à faire partager sa position, mais en farceur de l’outrance qu’il est habituellement, il s’amuse à imaginer un autre scénario. Une histoire alternative qui aurait pu changer le cours des événements, et – qui sait ? – conduire à un présent différent. Une motivation naïve et touchante qui est presque puérile, mais réalisée par un maître de l’image au savoir-faire incomparable, cela pouvait marcher…
Banco donc ? Pas totalement… Tarantino brode très bien son histoire avec l’aide de deux acteurs exceptionnels, Leonardo et Brad. Mais, il est hélas trop impliqué, et son message se fait pesant. Il perd parfois l’attention de son public avec des digressions qui coupent le rythme du récit. Surtout, cette genèse du cinéma ne parle pas à tout le monde. Un anthropologue est rarement très populaire…
J’ai aimé pourtant ce film, par la pureté de ses intentions. L’homme aime tellement le cinéma qu’il a voulu rendre hommage à une jeune actrice, déjà oubliée, qu’on a absurdement privé de son destin. Mais il y a aussi chez Tarantino une madeleine de Proust cinéphile qui prend un poids excessif, au point de risquer d’exclure tous ceux qui ne veulent pas s’encombrer de l’écume du passé. Bravo, malgré tout, à lui pour ce plongeon dans les années 60. Cette piscine du cinéma débridé de l’âge d’or offre un bon moment d’émotions. Des émotions un peu exclusives, certes, mais quand même vibrantes…