« La Dame blanche », voilà assurément un joli moment de théâtre. Un spectacle qui sort de l’ordinaire, puisqu’il se place dans le registre inhabituel au théâtre de l’épouvante. Le spectacle vivant peut-il faire peur aussi bien que le cinéma ? Bien sûr que non, mais il peut tout au moins y prétendre avec un certain bonheur, à l’image de cette Dame Blanche.
Et quand les moyens techniques prêtent leur concours, ma foi, on peut se laisser prendre. D’ailleurs, c’est sans doute la première fois que le théâtre de la Renaissance a connu des cris aigus de femmes surprises par la présence de spectres au milieu des spectateurs qui s’installent. Le théâtre se remplit donc dans une mêlée incroyable, avec des cris, des hurlements sauvages et des mouvements de foule et c’est déjà en soi un spectacle. Pour mieux profiter de la chose, il est hautement recommandé d’avoir une place à l’orchestre…
Puis le spectacle commence sur un gentil registre intime. Avant d’obliquer sur une histoire glauque de meurtre, d’enquête, de personnages bizarres, de gendarmes pas très honnêtes… C’est du roman policier joué. Avec une mise en scène virtuose qui joue en même temps de décors extraordinaires qui s’enchaînent, et de l’immersion au coeur du public, les acteurs descendant souvent dans l’arêne. Le spectateur est totalement dans l’action, et la pièce joue de la chose, au point de transformer le théâtre en forêt obscure et de le plonger dans un noir profond ( sans la lumière rassurante des issues de secours ). C’est court, mais émotionnellement intense !
La pièce n’évite pas, malheureusement, un petit passage à vide en milieu de spectacle. Avant de rebondir pour un final sublime. Quand notamment un acteur disjoncté et effrayant à souhait descend dans l’orchestre avec une hache à la main, les sourires disparaissent et les spectateurs ne sont pas tous très à l’aise.
Au final, le pari est gagné… « La Dame Blanche » est une belle pièce à faire peur. C’est aussi un beau jeu d’acteurs, tous très à l’aise dans leurs rôles. On passe un excellent moment…
La pièce est déjà passée du Théâtre du Palais Royal à celui de la Renaissance. C’est déjà un très grand succès. Mais il est à parier qu’elle tiendra encore longtemps l’affiche. Du moins, tant que des Parisiens en goguette prendront plaisir à se donner quelques émotions.