Le centre Beaubourg fait jusqu’en juillet prochain une rétrospective rare sur le pape du « op art », autrement dit Victor Vasarely ( 1906 -1997 ). Ils ont rassemblé une large partie de ses oeuvres de 1932 à 1972 dans une exposition brillante qui mérite le détour. Une occasion d’approcher l’art moderne qui me laisse souvent froid. Mais Vasarely est un cas à part. Il a tellement marqué son époque que ses oeuvres sont ancrées en nous, et s’accrochent à notre imaginaire comme un souvenir incertain. Cet univers parle à notre inconscient, réminiscences multiples d’un artiste qui sut bien irriguer de ses oeuvres les années 70, en homme d’affaires averti et en bon publicitaire qu’il était.
Quel festival pour les yeux ! Cette exposition montre toutes les étapes de la création chez ce hongrois d’origine, naturalisé français, qui fut un maître de l’art optique. Comment est-il arrivé à ces blocs logiques aux couleurs chatoyantes et à cette splendeur visuelle qui fascine ?
Les tableaux ont l’air d’avoir été éventrés par des cercles. Jamais profondeur n’a été aussi bien rendue.
Et que dire de ces trompe l’oeil où nous nous laissons entraîner dans des univers psychédéliques, si symptomatiques des années 70.
La force de Vasarely est de nous capturer l’oeil pour ne plus le lâcher. Le spectateur éprouve une espèce de jouissance dans ce jeu avec l’espace et la couleur qui remporte une folle adhésion. Et puis, on retrouve des émotions enfantines à ces exercices de gommettes qui emprisonnent nos neurones dans un cadre balisé qui ne s’affranchit pas de la recherche d’harmonie.
Les fils et carreaux de l’époque noire et blanc interpellent aussi, de même que les zèbres du début de l’artiste. C’est amusant d’ailleurs de découvrir que cette passion des lignes de l’artiste vient d’abord d’un exercice sur les zébrures du monde vivant.
Vasarely est un homme qui sait marquer les esprits. Il fut dès les années 30 un publicitaire réputé, ce qui explique aussi sans doute sa capacité à s’imprimer dans son époque. D’ailleurs, Vasarely a créé dans les années 70 le losange de Renault, et son influence a porté jusque dans l’architecture de nombreux bâtiments. En tout cas, cette exposition lui rend un bel hommage avec une rétrospective vraiment complète de toute une vie de création.