Murena, BD d’anthologie….

Les Français aiment les histoires se passant dans la Rome Antique. D’ailleurs, nous allons bientôt avoir droit au cinéma à un « Gladiator 2 », près de 24 ans après le premier. Les combats des légions romaines, les luttes de gladiateurs, les débats musclés au sein du Sénat romain, les jeux du cirque, les jeux de pouvoir, les assauts de la tyrannie contre une des premières démocraties modernes : tout y est pour faire des intrigues de l’époque des récits épiques et haletants. De « Spartacus » à « Ben Hur », de « Quo Vadis » à « La Chute de l’Empire Romain », les films abondent pour décrire cette époque fertile.

Dans ce panorama global, un autre genre a trouvé sa place : la bande dessinée. Bien sûr, il y a le fameux Asterix le Gaulois dont les aventures permettent de rendre compte d’une certaine facette de l’occupation romaine. Dans un registre plus adulte, la série Murena apparaît comme un vrai chef d’oeuvre. Les auteurs Jean Dufaux et Philippe Delaby nous racontent l’histoire de Rome avec des dessins d’un fort réalisme et avec des histoires très charpentées.

Lucius Murena, leur héros, est un homme droit qui construit sa route dans une époque, les années 50 après JC, qui sont très mouvementées. Rome est déjà une ville viciée par les ambitions humaines et les luttes d’influence violentes. Les empereurs romains sont corrompus, le pouvoir pervertit et l’assassinat est élevé au premier rang des réponses à toute opposition politique. Cela bruisse de bruit et de fureur, comme dans les films qui nous ont fait vibrer sur cette période.

La série est une pleine réussite. Les auteurs ont fait un gros travail de recherche pour être dans le ton. Les récits sont très proches de la réalité historique, et s’éloignent aussi des réputations façonnées par les siècles. Ainsi Neron, empereur qui est passé dans l’histoire comme un des pires despotes, se révèle plus nuancé, avec un début de règne marqué sous le sceau d’une certaine popularité.

Cette période d’apogée de Rome est stupéfiante de brutalité. Et les femmes ne sont pas en reste, avec Poppée la grande manipulatrice et Agrippine l’intrigante. Le tout baigné dans des dessins où la ville est reconstituée dans ses moindres détails. Le lecteur apprend plein de choses, au travers de nombreux renvois où les auteurs apportent des détails sur les événements et les personnages.

Murena est assurément une des BD les plus abouties pour s’approcher un peu d’une des grandes ères de notre Histoire.