Mercenaires ou Missionnaires ?

Sept. Ils sont sept à vouloir prétendre à droite et au centre à l’investiture républicaine pour les prochaines élections. Une pléthore de candidats qui confirme qu’en France, les ambitions politiques sont plus affûtées que jamais. Pourtant le poste n’est pas enviable. Président d’un pays en situation de faillite qui a devant lui un vaste programme de réformes à entreprendre. Avec la mission de convaincre le peuple le plus rebelle et frondeur de la planète. La tâche est immense !… Il faut croire qu’ils sont tous un peu inconscients. Ou masochistes. En Angleterre, pour un challenge tout aussi difficile à relever, ils ne se pressaient pas pour prendre la place de David Cameron. Et Theresa May, une ministre assez terne, s’est retrouvée, seule au final, pour prendre la lourde charge de relever un pays engoncé dans ses déficits, et confronté à un projet de Brexit très périlleux. Good luck Theresa !

En France, les ambitions personnelles subsistent. Il faut dire que la Présidence de la République s’apparente davantage à une sinécure, proche de l’adoubement temporaire d’un monarque républicain, que de l’ordre de mission bien cadré du locataire du 10 Downing Street. Il faut voir ce que François Hollande a fait de son mandat pour réaliser à quel point l’obligation de résultats n’est pas au programme. On comprend mieux qu’ils soient nombreux à vouloir goûter aux ors de la République.

Autre exception française : le goût du pouvoir est un moteur récurrent de notre société. L’envie d’aller le plus haut possible et d’être aux commandes. De préférence seul. Fut-ce au prix de coups de coude ou d’écrasements d’orteils !… On constate ce travers également dans la société civile et dans les grandes entreprises, avec des ambiances parfois irrespirables au sein des directoires. La France, pays pourtant passionnément égalitaire, est un des pays les plus touchés par ces manifestations névrotiques d’égos exacerbés.

Dans ce contexte, avons-nous fait le bon choix en supprimant le mandat de sept ans qui avait le mérite de repousser de loin en loin ces courses à l’échalote présidentielles ? Nos gouvernants sont-ils assez matures pour résister au bouillonnement d’hormones que leur apportent ces échéances rapprochées tous les cinq ans  où ils rentrent toujours plus tôt en pré-campagne, préoccupés par une seule chose : séduire. En plus, les cadeaux fiscaux accordés en fin de mandat ne changent rien au scrutin à venir ; ils alourdissent juste l’héritage. Et achèvent de convaincre les Français que ce sont des mercenaires sans morale qui les dirigent.

Nous Citoyens considère que le principal enjeu du moment est de réconcilier les Français avec leur classe politique. Cela passe par des changements constitutionnels simples : un mandat simple et unique de 7 ans ; une obligation pour tous les impétrants de rompre avec la fonction publique. Définitivement. Après leur mandat, ils n’auront d’autre choix que d’aller parcourir le monde pour donner des conférences tarifées, sachant que l’attrait des capitaux privés pour de telles conférences ne tiendra qu’aux beaux résultats engrangés sous leur mandature. Une obligation indirecte de résultats, somme toute…

Nous avons le pressentiment que sans perspective de ré-élection, notre Président sera meilleur. Plus focusé sur l’objectif et plus apte à prendre des décisions courageuses impopulaires. Le premier des Français sera au service de l’intérêt collectif et non pas de ses propres intérêts. Le mal français trop répandu qui est  – hélas – directement à la cause des abstentions et des votes extrêmes.

A défaut d’un prochain référendum et d’une modification rapide de notre Constitution, exigeons de nos candidats un tel niveau d’engagement. Mais nous veillerons, pour autant, que cette exigence chez Nous Citoyens n’entraîne pas une sélection par l’âge. C’est d’abord une question d’éthique et d’exigence professionnelle au service de la collectivité.

N’oublions pas que chez nos voisins immédiats, David Cameron qui vient de quitter son poste, a tout juste 50 ans. Et en Italie, Matéo Renzi a 41 ans… La France doit pouvoir s’appuyer sur l’énergie de ses jeunes dirigeants.

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