Nicolas Bedos nous avertit en préambule de son film : la Côte d’Azur est une région triste… Le soleil attire les oisifs comme un aimant, en particulier les très riches, et avec eux une nuée de piques-assiettes qui essayent d’avoir une part du rêve éveillé que constitue leur étalage de richesses.
Avec un tel postulat, le spectateur sait ce qui l’attend : une débauche de cynisme, de combines, de personnages manipulateurs, et d’être faux, tous en adoration pour le veau d’or. Ce parti-pris peut gêner, mais une fois accepté, force est de reconnaître que le réalisateur nous rend une copie solide. Les personnages y sont plus vrais que nature, le gigolo Niney affreux comptable de ses sentiments, la provocante Marine Vacth retorse à souhait, la belle Laura Morante en quête de revanche…
Les victimes sont aussi très convaincantes, en particulier Isabelle Adjani qui fait une superbe composition de femme amoureuse, star soucieuse de son image, mais en même temps hyper-sensible. Et Cluzet est toujours aussi bon en homme piégé par une intrigante au charme vénéneux et, il faut bien le dire, irrésistible. Dans cette galeries de portraits, la seule à être un peu plus pure est Emmanuelle Devos, en femme bafouée qui résiste vaillamment aux assauts de l’adultère.
Mais le soleil et le farniente semblent corrompre tout ce petit monde, donnant au récit un côté un peu malsain. Notamment avec le coup de Jarnac final qu’il me faudra revoir pour en saisir la substance. Bref, au final, ce film n’est pas le meilleur de Bedos, même s’il est très léché dans sa réalisation. Le seul atout que j’y vois, est la redécouverte du grand talent d’Isabelle Adjani, devenue tellement icône qu’elle est moins présente sur les écrans. Un tort assurément…