La France est un pays bizarre. C’est un des pays où la classe politique est la plus dévalorisée en Europe. La confiance dans les dirigeants en place est très faible, le Président Hollande remportant haut-la-main la palme des présidents les plus impopulaires. Mais Sarkozy est aussi décrié, en particulier dans son propre camp qui massivement ne veut pas de son retour. De manière générale, Droite comme Gauche ne donnent plus confiance. Et beaucoup de Français s’en remettent aux extrêmes.
Mélenchon, un des derniers marxistes du monde occidental bénéficie d’une cote de popularité étonnante à gauche. Quant à Marine le Pen, elle creuse son sillon toujours plus profond dans une société qui se reconnaît dans son langage compréhensible par tous et son programme simpliste de rupture. Cette attirance pour les extrêmes est une insulte à l’histoire de notre pays. Comme si une large fraction de nos compatriotes avait perdu la mémoire. Comment peut-on oublier à ce point les enseignements du passé ? Certes, les événements du 6 février 1934, quand les ligues et les groupuscules de la droite dure menaçaient la République, sont trop loin pour nos contemporains. Mais la seconde guerre mondiale issue des solutions simplistes d’Hitler marque toujours le présent. A gauche, la chute du Mur en 1989 et le formidable appel d’air que cela a créé pour les peuples de l’Est sont des événements récents. A-t-on oublié d’apprendre l’histoire avec un grand H à tous ces gens ?
Paradoxalement, si les Français ne croient plus aux politiques, nous sommes le peuple le plus politisé de la terre. Nous avons le plus grand nombre d’émissions politiques ( pas loin de 20 sur tous les médias du PAF durant le week-end ). Nous débattons sans fin sur tous les faits de sociétés. Nous avons une multitude de groupes de réflexion et de « Think Tanks » qui veulent apporter leur pierre à la chose commune. Tout cela est issu de notre tradition de peuple récalcitrant, porteur des idéaux de la Révolution et qui à ce titre, s’arroge un rôle de boite-à-pensées pour tous les peuples de la planète. L’idéologie est une constante immuable de la société française. Le pragmatisme et l’adaptation aux contraintes du moment sont le plus souvent négligés au profit des idéaux des pères fondateurs, dont les jugements sur la société remontent, au mieux, au début du siècle dernier. On reste rêveur quand des ministres influents se réclament toujours des idéaux de Mao ou de Trotsky.
Faire de la politique dans une telle pétaudière relève d’un acte de foi dans la France, proche d’une mission évangélique. Hélas, le plaisir de débattre supplante souvent la recherche de solutions concrètes au service de la collectivité. L’échange politique se réduit à de vaines polémiques où l’objectif ultime est de renverser l’adversaire. On ne vote plus par adhésion à un projet. On veut juste mettre à terre l’adversaire.
Dans ce contexte, l’arrivée de nouvelles têtes ne peut que faire du bien au débat. Denis Payre avec son mouvement Nous Citoyens a su secouer le cocotier et appeler les hommes politiques à leurs devoirs et à leurs responsabilités.
Emmanuel Marcon s’inscrit dans son sillage. Il s’inscrit dans un mouvement non partisan, mobilisant les énergies au delà des clivages traditionnels. Certes, son bilan comme Ministre de l’Economie est modeste, mais les promesses du candidat Hollande étaient tellement déconnectées de la réalité que ses marges de manoeuvre étaient réduites. Et puis, il a fait adopter sa Loi, une des rares lois opérationnelles de la législature : on voit partout circuler ses bus et le service rendu aux Français est bien réel.
Macron est un homme qu’il va falloir écouter. Si les politiciens en place lui laissent l’opportunité de s’exprimer.
Les semaines à venir vont être passionnantes….