L’histoire de Jerome Kerviel était trop belle, trop forte, trop exceptionnelle pour échapper à la mode actuelle des « histoires vraies ». En route donc pour le Grand Huit de la Finance ! Grand frisson garanti pour ce qui fut la plus fameuse histoire de trader fou. La plus grosse paume aussi pour un monde bancaire qui depuis le naufrage du Crédit Lyonnais, n’est pas avare de scandales en tout genre. Disons-le tout net, Christophe Barratier a réussi son coup. Du fait d’un jeune Arthur Dupont, parfait en Kerviel tantôt innocente victime, tantôt tête-à-claque arrogante à souhait. Du fait d’un sublime François-Xavier Demaison, d’autant plus convaincant en trader cynique qu’il a exercé ce métier dans une vie antérieure. Du fait enfin d’un choix de scénario descriptif et dépassionné, sans en rajouter dans le spectaculaire ( on est loin des délires du « Loup de Wall Street » ); Barratier nous raconte posément une histoire un peu folle. On la suit aisément, malgré la technicité financière, car au delà des chiffres, on s’identifie au violent rapport de force et au caractère très humain des protagonistes. Toutefois le cinéaste n’est pas totalement neutre car il prend nettement le parti du jeune trader contre celui de la banque. Un passage obligé sans doute pour rendre l’histoire plus touchante. Mais je me souviens à la lecture du livre sur l’affaire de l’ex-directeur de la communication de la banque ( viré suite à ce livre ! ) que l’histoire était plus complexe que cela. Il n’en reste pas moins que le film donne lieu à des scènes particulièrement jouissives de jeunes cons se croyant les maîtres du monde. Leur arrogance est stupéfiante et leurs bons mots font, malgré tout, sourire. Espérons quand même que le film ne dénaturera pas trop l’image déjà très écornée des banquiers. Au delà du jeu de console de ces sales gosses, il y a une justification économique bien réelle à ces salles de marché. Mais cette histoire-là reste encore à écrire…
Bravo pour ce film qui nous plonge dans un monde de fous, très éloigné du monde réel….
Je n’y connais rien au monde de la finance, mais j’ai beaucoup aimé ce film pour son scénario, son rythme, ses personnages effectivement souvent « têtes à claques ». On en sort un peu étourdi par la valse des chiffres, la rapidité des inversions de tendances, la déconnexion de la « vraie vie » qui caractérise ces « sales gosses »…