La paternité est-elle une affaire de gênes ou une affaire d’actes ? Telle est la question que pose ce très joli film qui offre un rôle en or à Karim Leklou. Le rôle d’Aymeric, un homme débonnaire, un gentil, un velléitaire qui se laisse emporter par les événements, sans tentative de les maîtriser. Un bon gros nounours capturé par Florence, femme fantasque qui le prend comme compagnon, alors qu’elle est très enceinte d’un autre. Il se laisse faire, subjugué par ce corps déformé qu’il apprivoise au travers de son appareil-photo. Il mitraille, comme s’il voulait retenir l’instant. L’intimité est si fugace !…
Plus que d’amour, c’est de complicité qu’il s’agit, un confort face aux aléas de la vie. Contre toute attente, c’est une situation qui dure et qui permet au nounours de devenir papa auprès du petit Jim. Un papa attentif, serviable, aimant qui travaille à faire grandir cette jeune pousse. Jusqu’au jour, où le père génétique, Christophe, refait surface, ravagé par la disparition des siens…. Florence se laisse happer par la détresse du père de son fils. Et Aymeric se voit rétrogradé à plus grand chose….
Ce qui peut choquer et déplaire dans ce film est la passivité d’Aymeric, un homme qui subit sans se révolter. Plus que la perte de sa femme, il souffre de l’éloignement de « son fils ». Mais que pèse une paternité affective face à la dictature du sang ? Heureusement Aymeric va se consoler auprès d’Olivia ( Sara Giraudeau ), une femme solaire qui lui fera oublier les coups vaches de Florence.
« Le Roman de Jim », adapté d’un livre à succès, traite avec légèreté du trio amoureux autour du sort d’un enfant. Grâce notamment à la personnalité effacée du personnage joué avec justesse par Karim Leklou. Face à lui, Laetitia Dosch est inconséquente, puis un brin machiavélique, et Bertrand Belin, joyeusement découvert dans « Tralala » joue bien l’homme à terre. Les hommes sont faibles dans ce film. Les femmes y paraissent plus solides, à l’image de Sara Giraudeau, toujours parfaite dans son rôle.
Au final, un petit film qui fait réfléchir sur le rôle fragile du père adoptif dans les couples recomposés..