Le Fil, du grand Auteuil

Comme les bons vins, Auteuil se bonifie avec l’âge. Il n’excelle jamais autant lorsqu’il montre sa fragilité, ses faiblesses, ses doutes. Un acteur donc impeccable pour endosser le rôle d’un avocat pénaliste qui, par humanité, se laisse tenter par la défense en avocat d’office d’un père de famille débonnaire soupçonné du meurtre de sa femme. L’intime conviction comme moteur de l’engagement. Une combativité démultipliée pour atteindre une issue désirée intensément.

L’accusé, joué avec sobriété par un Gregory Gadebois, une fois de plus excellent, est tellement touchant. L’avocat réputé mouille donc sa chemise pour défendre son bonhomme qui ne l’aide guère. Les accusés sont souvent de piètres défenseurs de leur cause. Du dur métier d’avocat d’assise.

Le film est une belle plongée dans la justice du quotidien, laborieuse et parfois ingrate. Auteuil qui est aussi à la réalisation, nous emmène dans un procès relevé autour d’une histoire toute simple. Trop simple ? Le dénouement à double détente est assez inattendu. Mais ce n’est pas le plus important. L’histoire se termine. On aura vécu les atermoiements d’un acteur au jeu très habité qui confirme la première place qui est la sienne dans notre cinéma national.