La « Fille du Train » symbolise bien les thrillers d’aujourd’hui. Cela commence de manière classique avec une indiscrétion saisie à bord d’un train de banlieue qui longe de belles villas. Un peu comme « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock. Mais la comparaison s’arrête là, car l’héroïne est une femme. En plus, une femme au bout du rouleau, qui picole comme un trou et a tendance à être dangereusement obsessive. C’est la nouvelle marque de fabrique que de privilégier des anti-héros, pas très propres sur eux et définitivement fragiles face aux événements qu’ils découvrent ( on pense au récent « Remember » ). L’autre constante réside dans des scénarios très alambiqués baignant dans une violence ordinaire, avec des personnages particulièrement torturés. Acceptons a priori ces parti-pris qui sont le reflet de notre époque.
D’ailleurs objectivement, on passe un assez bon moment devant cette « fille du train ». Le spectateur est graduellement doté de nouvelles pièces du puzzle et peut comme un enfant de maternelle emboiter les scènes de ce jeu de blocks logiques. Le passé et le présent s’enchevêtrent pour tisser le fil d’une histoire assez glauque. Avec, bien sûr, le final américain incontournable dans sa violence et sa débauche d’hémoglobine.
Et après, me direz-vous? On ne retient guère de choses du film qui sera sans doute assez vite oublié. Seule la scénariste et auteur du polar à l’origine du film va se frotter les mains au soleil du Dieu Dollar. Elle s’est, il est vrai, bien trituré les méninges pour concevoir une histoire pour nous surprendre. Mais le film m’a paru un peu lisse, avec des acteurs, parfaits certes, mais laissant peu de place à l’adhésion du spectateur ( la rançon de cette mode des anti-héros ! ).
Dans le même registre, j’avoue avoir été beaucoup plus séduit par « Gone Girl ». Tout aussi gore, mais plus inventif.