La musique a ce pouvoir magique de parfois vous traverser la peau pour vous atteindre en plein coeur. Vous vibrez de tous vos pores à un rythme ou à une mélodie pour en devenir accroc, shooté, sous emprise… C’est totalement délicieux. Cet assujettissement auditif amène des milliers de fans à débourser des fortunes pour assister au concert de leurs idoles. Ou à écouter en boucle leurs disques dans un extase débridé de leurs émotions. Nous avons tous un peu besoin de cela… C’est ainsi que des Celine Dion, et plus récemment Taylor Swift ont entraîné des foules d’aficionados dont l’amour tourne à la dévotion.
Devant le succès planétaire de ces artistes, leur talent peut être considéré comme une qualité objective. Sans doute, mais l’adhésion à une musicologie est une autre affaire. S’il est vraisemblable qu’écouter et réécouter des tubes contribue à ancrer un référentiel affectif qui accentue l’amour pour un interprète, comment expliquer qu’à la première audition, des chansons peuvent susciter l’enthousiasme ou vous laisser froid.
Bien sûr, certains tubes sont tellement puissants qu’ils emportent tout sur leur passage, comme une vague de tsunami. Ainsi « Billie Jean » de Mickael Jackson était tellement incontournable que je me souviens parfaitement du jour de 1983 où je l’ai entendu la première fois, dans une boite de nuit sur la côte de l’Aber Wrac’h dans le Nord de la Bretagne. J’ai eu l’impression, ce jour-là, de vivre une émotion musicale d’une telle intensité qu’elle est restée gravée dans mon inconscient. A jamais…
Mais quid des interprètes moins consensuels ? J’avoue avoir du mal à m’emballer pour Taylor Swift, même si je mets du mien pour comprendre ce qui provoque un tel raz-de-marée d’amour. Et je m’efforce d’écouter pour ne pas passer pour un boomer en dehors du coup.
Après tout, on peut admettre que les préférences musicales soient des affaires personnelles. Et s’il y a du nombre autour d’un interprète, point n’est besoin de vibrer par pur mimétisme si la voix, le timbre, le rythme, les paroles ne vous emportent pas. J’ai parfois honte de dire que j’échangerais volontiers trois albums de Celine Dion contre un de Gil Caplan. La voix de cette femme – très loin dans les charts de ventes de disques – et ses mélodies harmonieuses m’électrisent totalement.
Ce qui m’amène à raconter mon émotion permanente pour un groupe britannique d’électro-pop peu connu Goldfrapp, auteurs de nombreux albums et notamment du magnifique que je classe dans mon top five, si ce n’est à la première place : l’album « Felt Mountain » .
Une vraie splendeur !… Tout l’album est une réussite totale. Sur un registre planant, proche d’un autre groupe que j’adore, le groupe Portishead avec des clins d’oeil appuyé à l’univers d’Ennio Moricone. Bref, le genre de musique à écouter dans le noir après une journée de travail, ou dans la voiture alors que tout l’équipage est endormi. J’en raffole !… Cet album me tire presque toujours la larme à l’oeil. Pourtant cette musique ne passe sur aucun média, et le groupe ne semble connu que de quelques passionnés.
Quelle étrangeté que ces goûts musicaux… Il en faut certes pour tous les goûts. Mais tant qu’Allison Goldfrapp continuera à sortir des albums, je serai un homme heureux.