J’étais encore un mouflet, mais je me souviens très bien des heures passées devant la télé noire et blanc, dans l’attente d’images qui ne venaient pas. Du haut de mes 7 ans, je savais qu’on vivait un moment unique. Ah si nous avions eu les images de Damien Chazelle dans son film « First Man », quelle fête cela aurait été !…
Le côté magique dans « First Man », c’est justement l’impression de vivre un événement en direct. Surtout aussi de découvrir cette aventure de 1969 dans son jus. Comment a-t-il fait pour que cela ait un tel niveau d’authenticité, avec des écrans à l’ancienne qui montrent que tout était alors encore mécanique.
Le film fait penser un peu à « l’Etoffe des Heros », mais en moins flamboyant. Le film est fait par un étranger qui ne pense pas à magnifier le rêve américain. Il montre juste les hésitations, les échecs, les questionnements de la Nasa, soumise à des oppositions sur le coût du programme ( déjà ! ). L’histoire est vue par la lorgnette du héros, Neil Armstrong, un être secret, taciturne, très attaché à sa famille, mais incapable de prendre congé de ses enfants avant son vol dont il ne reviendra peut-être pas. A ce propos, la prestation de Claire Foy, actrice britannique qui incarne l’épouse du grand homme, est exceptionnelle en femme attentionnée et inquiète. On le serait à moins… Le film montre bien tous les risques pris et nous confirme que ces astronautes étaient des héros un peu inconscients.
Après « La La Land », le réalisateur français Damien Chazelle nous convie à un nouveau pas de danse, celui du premier homme sur la lune. Il le fait avec une générosité incroyable et une économie de ton qui touche. Il est en train de gagner ses derniers galons de réalisateur à succès, celui dont on attendra tous les films avec impatience comme un Eastwood ou un Woody Allen…
A star is born. Chazelle est une nouvelle fois dans les étoiles.