Sujet de concours : « Peut-on rire de tout ? Un produit peut-il placer l’immoralité en tête de gondole ? Vous avez une heure trente »… Benoît Graffin nous rend une copie bien dans l’air du temps avec ce film qui parle de crise, de chômage longue durée et de petites combines pour survivre. Sans le moindre misérabilisme, car le ton reste enjoué et léger, avec une Sandrine Kimberlain lumineuse qui lutte avec courage, et un Edouard Baer lunaire, déraciné, viscéralement optimiste… C’est brutal de réalisme, mais assez plaisant… Cependant le film oblique bientôt vers l’immoralité la plus totale, les personnages perdant les derniers ressorts de l’honnêteté pour s’engager dans une fuite en avant éperdue. Une forme de « combinazione » à l’italienne qui fleure bon les petits arrangements avec la loi qu’on se permet, hélas, surtout dans les pays de tradition catholique du sud de l’Europe. Est-ce que la misère peut tout justifier ? Nos sociétés sont-elles à ce point désintégrées qu’on puisse faire des films promouvant le vol et la substitution d’identité ? Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir un malaise à la vue de ce film, même si – reconnaissons-le – certains passages sont franchement émoustillants ( Bulle Ogier magnifique en grand-mère indigne ! ). J’ai bien ri, mais d’un rire jaune car je sens qu’à coups de barre de mine sur les fondements de nos sociétés, on menace sérieusement de faire s’écrouler tout notre édifice commun. Aussi, si « Encore Heureux » mériterait assurément un prix Coluche de l’irrévérence et une distinction pour ses coups de folie inattendus, je le trouve troublant sur le plan philosophique. Et je mettrai donc un déjà généreux 12/20 à cette copie un peu trop audacieuse à mes yeux.
Une réflexion sur « « Encore Heureux » : a far-fetched humour… »
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Vu hier soir avec des copines, on a toutes bien ri, même si effectivement le bouchon est parfois poussé un peu loin…