« Dunkerque », je craignais un peu ce film car pour l’amateur d’histoire que je suis, il me semblait difficile de restituer la confusion totale qu’a été cette retraite par la mer de deux armées aux abois. De ce point de vue, les plages nues du film, quasiment sans carcasses de véhicules, d’armes et de matériels divers, sont un peu sur-réalistes. Economies de moyens ?
Peut-être, mais Christopher Nolan a choisi de retracer l’événement sous l’angle du simple soldat britannique et du formidable stress qui est le sien. Un récit tout en tensions, bien secondé par une bande son efficace. Nous sommes au coeur de l’action, en particulier dans ces scènes de bateaux qui coulent, où l’on ressent parfaitement l’horreur de la guerre. De la même façon, les combats aériens sont très immersifs. « Dunkerque » est d’abord une grande réussite dans la maîtrise de l’image.
Alors, bien sûr, il y a le côté cocardier pro-british du récit qui peut indisposer. Le pilote du Spitfire apparaît un peu comme un sur-homme, là où les biffins du plancher des vaches montrent leur fragilité et leur peur. La mythologie de la « Bataille de l’Atlantique » a tellement marqué les esprits qu’elle convertit la déculottée de Dunkerque en semi-victoire. Mais cela reste accessoire. « Dunkerque » retrace finalement bien une page d’histoire unique qui a mobilisé près d’un million d’hommes des deux camps. La première manifestation de la résistance anglaise qui est celle de tout un peuple, en premier lieu les propriétaires de petits bateaux qui sont venus au secours d’une armée condamnée. L’histoire est belle; elle méritait d’être racontée à nos contemporains. Christophe Nolan le fait avec talent. Bravo…