Grâce à Babelio, j’ai pu rencontrer Jacques Expert, auteur de polars que je ne connaissais pas. Un homme du monde des médias qui utilise ses expériences passées de journaliste de faits divers comme d’actes de guerre au service de son imagination qu’il a fertile. Il estime avoir au cours de ses pérégrinations professionnelles si bien côtoyé l’humain dans tous ses aspects, les lumineux comme les sombres, que l’écriture est devenue son activité principale. « Le jour de ma mort » est, si ma mémoire est bonne, son onzième roman.
Jacques Expert a un style d’écriture étonnant pour un auteur de polar. Il commence ses histoires sans savoir où il va. Il nous dit vivre avec ses personnages, et les laisse vivre, avant d’espérer retomber sur ses pattes dans la construction de l’intrigue. Il est vrai que dans « le jour de ma mort », l’auteur laisse vivre sa protégée, Charlotte, et donne à connaître au lecteur tous les ressorts de ses pensées et de ses états d’âme. 310 pages pour raconter une seule journée de la vie d’une jeune femme, avec une action qui se passe dans un lieu unique, un petit appartement parisien, la gageure était risquée. Comment ne pas sombrer dans l’ennui ?
L’auteur n’échappe pas totalement à l’écueil, reconnaissons-le Mais, avec quelques flash-backs et la juxtaposition rapide aux états d’âme de Charlotte de ceux plus sombres d’un serial-killer en quête de chair fraîche, la tension monte rapidement. Le suspens se fait insidieux, même si le comportement de la jeune femme n’est pas toujours rationnel. Mais on peut comprendre la paranoïa croissante de Charlotte. Après tout, chacun réagit différemment sous le coup d’un stress monstrueux.
Ce qui ne m’a pas fait vraiment adhérer au livre, est le parti pris de l’auteur de rentrer dans la peau d’un serial-killer. Astuce d’écriture pour confronter le loup et l’agneau et faire durer le plus longtemps possible le suspens, c’est acquis… Mais du coup, le lecteur se surprend à se demander ce qu’il fait là à lire les élucubrations d’un esprit malade, amateur de femmes blondes et de leurs petits chats, qu’il martyrise tous deux pour le simple plaisir de l’exercice. Cela a un coté malsain et racoleur qui m’a gêné. J’ai failli arrêter en cours de route… La menace qui rode d’un tueur dont on ne sait rien, me semble beaucoup plus efficace dans les polars autour de serial-killers. Mais il est vrai que depuis Dexter, la vision du tueur est devenue excitante.
Cette grosse réserve mise à part, l’auteur sait jouer avec nos nerfs dans un livre qui se lit d’une traite. Il y a incontestablement du savoir-faire, d’autant que la fin est d’une belle logique, quoi qu’assez imprévue. Un livre au final un peu dérangeant. Le polar est une récréation que je m’accorde de temps en temps. Mais la jouissance à célébrer la mort violente de la littérature d’aujourd’hui me paraît trop démonstrative. L’émotion des écrits célébrant la beauté de la vie est autrement plus stimulante…