Archives de catégorie : Litterature

La foi selon Kersauson

Extrait du livre d’Olivier de Kersauson « De l’urgent, du presque rien et du rien du tout » . C’est un ABCDaire synthétisant toutes les pensées du navigateur. Un homme libre, fin, subtil, d’une sincérité confondante qui en fait un vers luisant dans la masse grouillante de notre humanité.

Son article « Catholique » m’a parlé… Comme une évidence, un éclair de lucidité… Comme s’il prêtait des mots à mon propre sentiment d’appartenance. Merci à l’amiral  ( son surnom aux Grosses Têtes ) pour ce texte limpide que j’ai réduit pour les besoins de l’exercice, mais que je vous invite à trouver in extenso dans son très beau livre. Continuer la lecture de La foi selon Kersauson

Quand le bonheur se laisse désirer…

Découverte permise par le site Babelio, « Il faut savoir perdre de vue le rivage » est un roman en psychologie positive, écrit par une experte de la chose qui a décidé de se moquer d’elle-même. C’est le récit d’une prophète du bonheur en état de perdition affective. Un récit, paraît-il, largement autobiographique… Au siècle de l’introspection maximale et de la littérature foisonnante sur le concept du bonheur, l’idée fait sourire. Les donneurs de leçon ne seraient pas les mieux lotis ? Tiens, donc…

Dans un style au dialogues omniprésents, Sophie Machot nous convie à sa propre analyse psy, teintée d’humour, d’ironie et d’auto-dérision. C’est d’autant plus riche et ancré dans le réel que l’héroïne Rose n’est qu’un clone de l’auteur. Elle se débat comme une araignée prise dans sa propre toile. Continuer la lecture de Quand le bonheur se laisse désirer…

Houellebecq au mieux de sa (mé)forme…

Houellebecq est un affreux… Un affreux cynique et provocateur qui poursuit son aventure littéraire toujours sur la ligne de crête de la bienséance. Un affreux qu’on n’arrive pas à détester, tellement il a du talent.

« Serotonine » est la lente glissade d’un homme qui se coupe du monde pour s’enfoncer dans une profonde dépression. Une trajectoire acceptée, réalisée avec détachement et indifférence qui donne lieu à quelques développements fulgurants sur les maux de notre société. Comme un sociologue passif, Houellebecq nous rend compte de ce qui ne va pas, avec la sécheresse de celui qui ne croit plus en rien, et se met en mode survie. Autant dire qu’il ne faut pas être déprimé pour s’attaquer à cette lecture.

Mais derrière ce constat peu engageant, Continuer la lecture de Houellebecq au mieux de sa (mé)forme…

Puissant comme le malheur….

Un livre coup de poing qui se complaît dans un misérabilisme social d’une grande noirceur, tel m’a paru « Né d’aucune femme ». Les critiques dithyrambiques de Babelio avaient éveillé ma curiosité. Cette lecture a été éprouvante…

Tout au long du livre, j’ai pensé à un autre chef d’oeuvre contemporain « My absolute Darling » qui évoquait l’inceste avec complaisance. Ici c’est la vente d’une fille par son père et le viol d’une gamine de quatorze ans, racontés sans temps mort dans un style court, puissant et aussi déprimant que son récit. Certes, je sais que le bonheur ne se raconte pas et ne fait pas recette en littérature, mais je ne peux m’empêcher de me demander quel besoin de différenciation et d’innovation pousse nos auteurs à se repaître ainsi dans le sordide, pour emmener leurs lecteurs jusqu’aux frontières de leur tolérance émotionnelle. L’art se révèle-t-il nécessairement dans le malheur ? Vous avez trois heures pour rendre vos copies… Continuer la lecture de Puissant comme le malheur….

Petit Rufin, bon bouquin quand même….

Rufin va devenir un des romanciers auquel je suis le plus fidèle… Ce n’est pas un choix conscient, mais plutôt le résultat d’une convergence d’intérêt avec cet auteur : le sens de la grande Histoire, une haute idée de la France, un goût de l’aventure et des voyages… Et dans ce dernier roman « Les trois femmes du Consul », un parfum d’exotisme avec un récit se déroulant dans cette Afrique que notre écrivain-diplomate connaît bien. Rufin nous dévoile sa connaissance des milieux expatriés et des communautés autochtones dans un Mozambique qui est, pour la plupart d’entre nous, un pays largement inconnu. Bingo ! Il nous donne presque envie de l’ajouter dans la liste de nos destinations de voyages…

Certes, les amateurs de polars vont sans doute faire la moue. L’enquêteur tâtonne pendant une large partie du récit, avant d’avoir une illumination et de faire une révélation à la Hercule Poirot au dernier chapitre. Continuer la lecture de Petit Rufin, bon bouquin quand même….

Une panthère qui nous relie à la nature

Ce livre est la plus belle des évasions. Presque une thérapie… Je l’ai lu dans une période professionnellement difficile, avec des insomnies en cascades où mon seul répit était Tesson et sa quête improbable de la panthère des neiges. Quelle belle aventure !… Comment mieux évacuer les tensions que de partir dans cette expédition tibétaine glacée pour guetter un animal presque disparu, et donc quasi mythique ? Comment mieux relativiser les tracas de l’existence que de voir un groupe d’humains partir très loin, endurer des conditions extrêmes, souffrir du froid et de la fatigue, et épuiser tout son temps à la pratique la plus futile qui soit : espérer voir quelques minutes un animal sauvage dans son environnement. Ce livre est le récit de cette traque, mais c’est bien plus encore. Difficile de le résumer en quelques mots; disons que c’est, entre autres, une fable philosophique sur le rapport homme-bête et une dénonciation de la tyrannie de l’homme sur son environnement. Continuer la lecture de Une panthère qui nous relie à la nature

« Surface », comme un caviar de polar…

Le site Babelio où je reproduis mes articles, me fait découvrir régulièrement de bons romans. La dernière découverte est une excellente pioche.

« Surface » est un polar écrit par un ancien policier qui en est à son quatrième opus. Un homme qui connaît la musique, et qui en est d’autant plus crédible dans la description du monde de la police. C’est déjà un point positif. Encore faut-il savoir raconter des histoires. Et là, en l’espèce, nous avons affaire à un orfèvre.

Dans un style concis, sans fioritures, Olivier Norek nous campe le décor avec beaucoup de talent. Il ne faut pas plus de quelques pages pour être totalement dans le bain. Après, vous n’avez pas envie d’en sortir. L’eau sera depuis longtemps froide que vous serez toujours absorbé dans le récit. Continuer la lecture de « Surface », comme un caviar de polar…

Ennui au pays des « sans-dents »

Cela faisait longtemps que ce Goncourt 2018 trainait sur ma table de chevet, une lecture qui s’imposait, mais à laquelle j’avais du mal à me résoudre. Un titre tellement banal qu’il n’imprimait pas dans ma mémoire. Un récit de jeunes ados qui m’était totalement étranger. Un misérabilisme social qui était loin de me captiver… J’ai dû me forcer à cette lecture, notamment au début du roman.

Lecture faite, je suis toujours sur la réserve, mais je suis content de l’avoir lu. C’est assurément une grande oeuvre. Une chronique du quotidien, pleine de détails insignifiants, qui donnent au texte une authenticité unique. le récit est linéaire, sans faits d’armes autres que deux vols de motos. Les personnages vivent sous nos yeux, comme dans un film de Ken Loach. Je m’attendais à tout moment à un drame; tout concourait à un dénouement violent. Continuer la lecture de Ennui au pays des « sans-dents »

Loopings de lecture avec Musso…

Trop de polars nuit à la santé… C’est pourquoi je m’abstiens le plus souvent, préférant la grande littérature. Et puis, je ne suis pas très fan du trio Levy-Musso-Bussi qui squatte tous les linéaires avec leurs romans qui s’enchaînent comme des produits de consommation et sont dévorés comme des petits pains. Ils ont du talent, c’est certain, pour nous trousser des histoires, mais le suspense écoulé, que reste-t-il au lecteur ? Cela dit, si Bussi a quand même mes préférences, j’ai opté récemment pour le dernier Musso, « la vie secrète des écrivains » qu’on m’avait conseillé. Voilà un titre intrigant qui ne pouvait qu’éveiller ma curiosité.

Ce qui m’intéressait le plus, c’était le processus d’écriture d’un auteur à succès. Allait-on en savoir plus sur la genèse de ses best-sellers ?

Autant le dire tout de suite, Continuer la lecture de Loopings de lecture avec Musso…

Schmitt en mode mineur…

Plutôt que le journal d’un amour perdu, ce livre mériterait davantage le titre « autopsie d’un deuil ». Eric-Emmanuel Schmitt décortique, en effet, dans le détail les sentiments et la détresse que lui ont inspiré la disparition de sa mère. C’est extrêmement personnel, presque un peu trop, et l’auteur n’échappe pas totalement aux critiques d’un déballage un peu impudique. Même s’il le fait, en préservant l’anonymat de ses proches, qui ne sont cités que par leurs prénoms, sans que le lecteur puisse identifier les uns et les autres. Cela donne au récit un côté hors-sol, comme une bulle de conscience psychologique, détachée de tout son environnement. Un tête à tête avec soi-même, une confession sur le divan, totalement axée autour de la relation exclusive entre un monstre de notre littérature ( accessoirement mon écrivain préféré ) et sa mère adorée. Continuer la lecture de Schmitt en mode mineur…

Un ragout d’Histoire bien mitonné

Franz-Olivier Giesbert est un malin. Il écrit chaque semaine de beaux éditoriaux, très profonds, dans le Point. Mais tout le monde ne lit pas ce magazine. Aussi, pour s’adresser au plus grand nombre, rien ne vaut un beau roman, romanesque et historique. « La Cuisinière d’Himmler » étonne déjà avec ce titre inattendu. C’est une histoire fictive, mais qui s’inscrit dans son siècle, avec de nombreux personnages historiques comme protagonistes du récit. L’occasion de revisiter l’Histoire de manière légère, en compagnie d’un personnage attachant, Rose, une femme d’origine arménienne dont on va suivre toute la vie au cours des 360 pages du roman. Et quelle vie !…

Giesbert lui a inventé un destin aux petits oignons. Continuer la lecture de Un ragout d’Histoire bien mitonné

« L’été des quatre Rois »

« L’Eté des Quatre rois » se dit un roman. Coquetterie de style de l’auteur, car il s’agit bien là d’une chronique historique. Une excellente même, si vous voulez mon avis, tant on a l’impression de lire un quotidien de l’époque relatant dans le détail les événements de l’actualité. L’actualité d’une quinzaine de jours de l’été 1830 qui ont constitué ce qu’on a appelé plus tard « la révolution de juillet ». Une période assez méconnue, cette révolution-là étant moins riche que celle de 1789 et donc un peu négligée dans les cours d’histoire. C’est pourtant le second coup de boutoir de la République contre la royauté, et le début d’une grande confusion chez les royalistes entre légitimistes et orléanistes, antagonisme qui subsiste toujours près de deux cents ans plus tard. Voilà donc une bonne occasion de replonger dans notre Histoire, d’autant que l’épisode des Gilets Jaunes a montré la propension de notre peuple à s’échauffer très vite. Comme en cette année 1830, révolution-éclair qui n’a pas duré plus d’un mois…

Camille Pascal que j’ai eu la chance de rencontrer, Continuer la lecture de « L’été des quatre Rois »

Passé imparfait plus que parfait…

Julian Fellowes, né en 1949, est un touche-à-tout des médias. Le nouveau septuagénaire s’est essayé à beaucoup de choses, notamment le métier d’acteur, de scénariste et de romancier. Avant de remporter un beau succès avec Gosford Park dont on a fait un film, puis surtout de Downton Abbey qui fut un succès planétaire. Le scénariste chéri des plateaux n’a pas oublié d’écrire, et son roman « Passé imparfait » est son troisième livre. Un livre dans la veine de Downton Abbey, mais peut-être plus profond car sociologiquement très piquant.

L’histoire est savoureuse. Un sexagénaire célibataire, romancier à ses heures perdues, reçoit une invitation étrange à venir le voir d’un vieux copain de jeunesse, Damian, dont il s’était séparé violemment au point de le considérer comme un ennemi. Après toutes ces années, que lui voulait-il ? Continuer la lecture de Passé imparfait plus que parfait…

Dans la peau du tueur…

Grâce à Babelio, j’ai pu rencontrer Jacques Expert, auteur de polars que je ne connaissais pas. Un homme du monde des médias qui utilise ses expériences passées de journaliste de faits divers comme d’actes de guerre au service de son imagination qu’il a fertile. Il estime avoir au cours de ses pérégrinations professionnelles si bien côtoyé l’humain dans tous ses aspects, les lumineux comme les sombres, que l’écriture est devenue son activité principale. « Le jour de ma mort » est, si ma mémoire est bonne, son onzième roman.

Jacques Expert a un style d’écriture étonnant pour un auteur de polar. Il commence ses histoires sans savoir où il va. Il nous dit vivre avec ses personnages, et les laisse vivre, avant d’espérer retomber sur ses pattes dans la construction de l’intrigue. Continuer la lecture de Dans la peau du tueur…

« L’Alchimiste », littérature en apesanteur…

Le voilà ce livre magique qui a été un incroyable succès d’édition dans le monde entier. J’ai mis longtemps à céder à son appel. Folle indépendance ou stupide esprit de résistance face à la « vox populi ». J’avais tort. Ce livre est un merveilleux voyage.

C’est un roman, paraît-il. Allons-donc, c’est plus que cela. Et si le livre a eu un tel succès au point de mettre son auteur à l’abri du besoin pendant quelques siècles, c’est bien parce que le livre parle à chacun. Comme une parabole de la Bible, ou du nouveau Testament qui viendrait irriguer le monde de ses principes de vie. Ce livre a une dimension spirituelle lumineuse, comme un guide de vie pour homme ordinaire, afin de l’inciter à trouver sa légende personnelle. Autrement dit, le destin que lui réserve la Providence s’il sait être à l’écoute de celle-ci.

« L’Alchimiste » vaut mieux que tous les manuels d’accomplissement personnel. Continuer la lecture de « L’Alchimiste », littérature en apesanteur…

Rufin au service des oubliés de l’Histoire

Prendre un livre de Jean Christophe Rufin, c’est à coup sûr rentrer dans un monde riche, foisonnant, romanesque à souhait. Et dans une langue simple merveilleusement agencée au service de son histoire. Le style de Ruffin est, pour ainsi dire, aisément reconnaissable : court, nerveux, sans fioritures, mais doucement vallonné, comme pour épouser les courbes de son intrigue. Lire du Rufin, c’est s’enfoncer avec volupté dans l’Histoire avec un grand « H », une histoire toujours teintée de nationalisme car notre auteur-diplomate est farouchement français. Il aime mettre en exergue tous nos compatriotes obscurs qui ont fait la France, même si la postérité ne leur a jamais rendu grâce. Des aventuriers inconnus dont il aime à rappeler les rêves, les faits de gloire et les échecs.

Après Nicolas de Villegagnon ( « Rouge Brésil » ) et Jacques Coeur ( « Le Grand Coeur », livre que j’ai encensé sur ce site ), voici un autre aventurier mis à l’honneur, Auguste Benjowski, avec ce livre dont le titre paraît peu sérieux : « Le tour du monde du roi Zibeline ». Continuer la lecture de Rufin au service des oubliés de l’Histoire

Littérature dolorosa…

« My absolute Darling » : derrière un joli titre se cache un livre qui ne vous épargnera pas. Un livre coup de poing qui traite d’un dernier tabou, l’inceste. « My Absolute Darling » est un grand succès d’édition. C’est un grand livre, à n’en pas douter… Mais quelle douleur de poursuivre cette lecture ! Jamais je n’ai suivi le pourcentage de lecture de mon E-Book avec tant d’attention. J’étais pressé d’en finir, et en même temps, je ne pouvais pas en lire plus de quelques pages par session. Une vraie douleur…

L’histoire de Turtle, cette jeune ado, est pénible. Elle vit seule avec son père dans une maison déglinguée en rase campagne, près du bord de mer. Son grand-père vit lui dans un mobil home un peu plus loin. Le père est un salaud qui abuse de sa fille, tout en maintenant sur elle une emprise psychologique terrible. Turtle ne peut sortir de ses griffes, partagée entre un dégoût de ce qu’il lui impose et des vieux relents d’amour filial. Continuer la lecture de Littérature dolorosa…