Quel plaisir cela a été !… Une séance d’oenologie en famille sous le contrôle d’un maître, Pierre Jaboulet-Vercherre. Un orfèvre du vin qui nous a enchantés par ses talents de conteur et sa subtile pédagogie pour nous faire partager sa passion. L’homme est négociant depuis cinq générations. C’est peu de dire qu’il est passionné. Le vin est sa vie. Tout simplement…
Il collectionne des bouteilles, moins pour spéculer que pour les boire entre amis. Mais surtout il aime donner le goût du vin par des séances de découverte au sein de son atelier, « la cave de l’ange gardien ». Si ce nom est issu de son histoire intime, il n’en reste pas moins bien trouvé. Pierre est l’ange gardien des « amateurs ». Il éveille leurs papilles, il éduque leur goût, il prévient contre les pièges. Surtout il apprend que chacun doit former son propre goût et ne pas se faire tyranniser par les appellations, les prix et les étiquettes. Passionnant !
Trois heures et demie, c’est bien pour goûter à l’aveugle 13 vins, 5 blancs, 6 rouges, 1 pétillant et 1 liqueur selon un rituel bien rodé : apprendre le vin dans toutes ses composantes, la vue, l’odeur, le goût, la densité et le mariage avec des plats. Le tout sans montrer une étiquette. L’idée est de se laisser emporter par chaque breuvage sans se faire impressionner par quoi que ce soit d’autre que le ressenti personnel. C’est absolument irrésistible…
Nous voilà partis dans un tourbillon de saveurs, où il a fallu retrouver des évanescences de violette, de chèvrefeuille, de musc, de parterre de forêt en automne, de café torréfié, de chocolat, de mûres, groseilles, cerises, cassis, miel et cuir… Nous avons tout su des jambes du vin, indicateur de maturité des raisins. Nous avons appris à identifier à sa couleur la jeunesse d’un vin… Mais aussi le tanin, défenseur infatigable du gros mangeur, qui s’attaque aux graisses des aliments…
Certes, il serait présomptueux de dire que nous avons retrouvé toutes les effluves du vin qui nous étaient annoncées. Cela a été plutôt une bonne partie de rigolade. Mais parfois, nous avons été saisis. A l’image de ce vin blanc déroutant, le Villard-Fontaine 2001 dont le goût ne ressemblait à aucun autre. Quel était cette réminiscence olfactive à laquelle il appelait ? Et puis, tout d’un coup, c’est l’éblouissement : le coeur d’artichaut, le céleri, l’oseille, le fenouil, l’épinard, le chou vert… Tout un bouillon de légumes qui rend le vin unique et meilleur ami du pot au feu, de la paella ou de tout plat de légume…
Et puis que dire de cet autre vin blanc, présenté comme « anti-divorce », c’est à dire une bouteille à ouvrir en cas de dispute, un vin épais, riche en glycerine, qui se répand sur les plaies de l’âme et se laisse siroter en silence. Un « Chassage Montrachet » souvent appelé le « meilleur des blancs ». On croit dur comme fer à cette mythologie du vin, du moment que cela parle de plaisir !…
La Bourgogne est un pays qui vous réchauffe le coeur. Même en plein hiver quand la vigne dort sous un paysage de neige. A faire et à refaire….