Les films à l’eau de rose ou larmoyants font rarement dans la demi-mesure. Ce sont soit des navets insupportables, soit carrément des petits chefs d’oeuvre. L’exercice du tire-larmes est, il est vrai, très difficile. D’ailleurs je n’ai souvenir que de « L’Incompris » de Luigi Comencini ou du très récent « Une belle fin » de Uberto Pasolini comme films à succès dans ce registre. Imaginez seulement le script du film « Avant Toi » : une fille de banlieue anglaise, plouc et exubérante, est enrôlée au sein d’une famille très huppée de l’upper-class pour veiller sur un jeune homme neurasthénique, handicapé moteur du cou jusqu’aux orteils. La fille, après avoir tâtonné et essuyé le cynisme grinçant de son malade, va réussir à lui faire retrouver le sourire et un peu de joie de vivre. Mais, malgré cet intermède, le garçon ne pense qu’à mourir, mort qu’il décide de précipiter dans une clinique suisse favorisant les suicides assistés. Vous avez envie de fuir ? Je vous comprends.Mais vous auriez tort… Malgré ce scénario à la Barbara Cartland, »Avant Toi » est un très joli film. Le spectateur adhère à cent pour cent. Surtout l’émotion est pleinement au rendez-vous… A la base de ce petit miracle, il y a la prestation extraordinaire d’une jeune actrice, Emilia Clarke, qui est, dans son rôle, une boule d’optimisme et de joie de vivre. Comme le tourbillon d’un ouragan, elle emporte tout sur son passage. Elle réussit avec une aisance incroyable à faire passer le message social un peu « téléphoné » du scénario. Elle est totalement contagieuse dans son bonheur le plus simple. La scène de la plage réussit donc à provoquer le petit picotement des yeux que l’on souhaitait éviter, tout en le recherchant un peu… Mission parfaitement accomplie !…
Emilia Clarke a gagné ses galons de grande actrice. Avec Gemma Arterton ( la divine Gemma Bovery ), elle nous prouve qu’il va falloir désormais compter sur les jeunes anglaises. Tout cela donne furieusement envie d’aller à Londres…