5 romans en 5 ans : Aurelie Valognes est une « serial writer » d’histoires intimistes, nourries à l’expérience de sa propre vie. J’avais aimé l’audace de son premier « Mémé dans les orties » qui évoquait un sujet hard : le quatrième âge, toutes ces personnes qu’on relègue le plus souvent dans des maisons de retraite pour ne plus les voir. Son personnage grognon et misanthrope de Ferdinand m’avait réjoui. Son vieillard était un vrai résistant.
Aurelie Valognes aborde un autre âge avec « la Cerise sur le gâteau », à savoir la soixante et le début d’une retraite mal préparée. Un âge qui suscite de nombreuses questions et remises en question. Un âge qui interpelle et inquiète en même temps. De quoi broder joliment une histoire aux fils blancs apparents. Avec l’assurance d’une identification immédiate du lecteur.
Aurelie Valognes est une orfèvre du quotidien. Ses livres sont des chroniques foisonnantes du temps qui passe. Le cliquetis de l’horloge s’égrène au fil de la lecture pour faire du récit une tranche de vie à l’état pur. Avec ses futilités dont on peut se demander si cela mérite quatre cents pages d’écriture. Mais une vie elle-même se raccourcit-elle ? Il faut donc se laisser bercer et céder à nos instincts de lecteurs de Voici dévorés par la curiosité pour poursuivre cet accompagnement intime des personnages du roman. Tout se passe, en plus, dans un nuage de tendresse et de bons sentiments. De manière anecdotique toutefois, Aurelie arrête son voyage intime aux portes de la sexualité. A aucun moment, Bernard et Brigitte ne semblent vivre une vie d’homme et de femme dans des égarements sensuels. Pas de sexe, est-ce là une des promesses de la retraite ? Dieu merci, j’espère que non…
Ce serait injuste, toutefois, de limiter ce roman « feel good » à un manifeste de bon humeur. Les interrogations face à la retraite et à l’inactivité forcée qu’elle procure, sont très bien rendues. Le processus psychologique de Bernard est parfaitement crédible. Aurelie a un vrai talent justement pour ancrer les étapes d’une prise de conscience dans de multiples petits détails de l’existence. Face à des longs dimanches oisifs, nous nous demandons tous ce que nous ferons de notre retraite. L’évolution du personnage de Bernard nous apporte quelques apaisements.
J’ai été un peu moins convaincu par le plaidoyer écologique du roman. Un peu trop consensuel à mes yeux, et à certains moments, Aurelie est presque en train de nous donner des leçons. Elle le fait heureusement avec finesse, et après tout, on peut comprendre que l’urgence de la situation nécessite des mesures d’urgence. Mais l’homme modéré que je suis, s’oppose à l’esprit des Ayatollah de tout poil. Bernard est parfois totalement ridicule, et son comportement nuit un peu à la justesse de sa cause.
L’auteur distille quand même de bons principes, et quand je réalise que les notions de 7ème continent restent souvent inconnues de nombreux contemporains, pourquoi effectivement ne pas propager la bonne parole par le biais de l’écriture ? Mais, à mes yeux, l’éducation semble passer avant l’éradication des plastiques.
« La Cerise sur le gâteau » est un roman qui se lit facilement et avec plaisir. Certains diront peut-être que c’est un « roman de filles » pour cet étalage de bons sentiments et ces petits détails futiles de tranches de vie. Les bons sentiments ne sont-ils vraiment qu’un apanage féminin ? Allons donc !… Lisez ce livre, Messieurs….