Voilà un titre amusant. Et un peu machiste… Car une femme avec deux amours semble, pour les Japonais, ne pas être une seule personne, mais deux en une, la version 1 et la version 2. Une vision de la femme qui n’est à vrai dire guère étonnante dans cette société conservatrice.
Cela dit, cela n’enlève rien à ce joli film qui est l’histoire d’un coup de foudre force 8 sur l’échelle de Richter avec de nombreuses répliques, comme ces fichus tremblements de terre qui dévastent régulièrement le pays. Un coup de foudre inhabituel dans une société stéréotypée où les rapports entre les sexes sont assez formatés. La suite de l’histoire est plus classique, avec la disparition du garçon, et la fille qui se laisse séduire par un autre garçon ressemblant étrangement au premier. Avant de retrouver le premier et de replonger.
Au delà de la trame du récit, l’histoire est très agréable par le reflet du Japon, pays que j’aime énormément. Asako I&II vaut d’abord par l’évocation de la vie japonaise, par la suavité des relations humaines, y compris au sein d’un groupe de jeunes, l’extrême attention apportée aux autres, notamment dans la scène du tremblement de terre. Une menace permanente prise avec fatalité, et qui est supportée grâce à l’extrême solidarité de la population. Tout le film baigne dans une atmosphère apaisée, même quand les personnages sont en colère.
Il y a aussi une extrême pudeur chez Asako, actrice au regard merveilleux qui en dit plus que de longs discours. Le film n’est également pas pollué par des scènes de sexe; seules quelques réflexions extérieures suggèrent la chose, sans en rajouter comme dans notre cinéma occidental réaliste. Asako I & II est donc un film léger et aérien. Un film qui donne envie du Japon, même s’il n’est jamais dans le registre « carte postale ». La langue japonaise se déguste comme un mochi fourré. Un envoûtant voyage en orient…