Quel livre étrange !… Un livre déroutant et en même temps passionnant. Surtout une vraie gageure d’écriture car l’histoire s’enchevêtre entre passé et présent à un point tel qu’on est à la limite de décrocher. L’auteur nous emmène dans une ronde insensée où les personnages tourbillonnent dans le manège du temps.
Car cette histoire est d’abord celle d’un retour vers le passé. Celle d’un homme, Franck Standish Burden, dit Wheeler, troisième du nom, cinquante années environ qui, sans raison, se retrouve projeté dans le passé, c’est à dire dans la Vienne de 1897. Une ville qu’il a appris à connaître et aimer grâce à l’enseignement d’un vieux professeur émérite. Wheeler va y découvrir son grand-père, puis surtout sa grand-mère, encore célibataire, dont il va tomber éperdument amoureux. Pour comprendre ce qui lui arrive, il va consulter un jeune spécialiste peu connu du nom de Sigmund Freud. Le père de la psychanalyse qui n’a pas encore établi toutes ses théories.
Le livre nous raconte cette histoire incroyable avec maestria. Comme un puzzle, il nous distille des informations sur les protagonistes qui font avancer le lecteur, tout en renforçant, au fil du récit, son questionnement sur le dénouement possible à un tel scénario. Surtout que l’auteur introduit d’autres membres de la famille comme « passager du temps », venus de périodes différentes.
Le livre est une interrogation sur le destin, sur la possibilité de changer le cours de l’histoire. C’est aussi surtout une très belle description de la Vienne aristocrate et intellectuelle des années 1900. Mais aussi dans ses parties plus contemporaines, un récit très prenant sur la vie des écoles privées et la promotion que confère le sport de haut niveau.
C’est sans doute un esprit torturé qui a pu inventer une telle histoire. Mais un auteur qui sait aussi formidablement retomber sur ses pattes. Il est passionné d’histoire assurément. Et il sait nous entraîner dans la plus délicieuse et surprenante des histoires d’amour.
Un livre qui enchante et réussit à nous faire évader dans une troisième dimension pleine de sel. Bravo l’artiste !