C’est un magicien des mots, un homme médiatique qui s’est mis au service de notre langue de la plus belle des façons. Bernard Pivot est mon maître… Malgré ses 81 ans, il garde toute sa verve. C’est un excellent conteur et un esthète de l’orthographe. Il faut l’entendre parler de l’Académie Française pour déplorer que des mots ne soient pas introduits dans le dictionnaire, comme le savoureux mot africain « girafer » qui veut dire « copier sur son voisin ».
Et la réforme de l’orthographe ? Quelle ineptie… Vous imaginez le mot « coït » perdre son tréma pourtant si imagé ? Ou le féroce rhinocéros sans le « h » qui lui donne toute sa force ? Ou encore le mot femme devenir « fame », ce qui privera tous les petits garçons de cet avertissement sans frais comme quoi avec les femmes, les choses sont loin d’être simples ?
Non assurément, la voie de la paresse n’est pas la voie royale,en communication comme en toutes choses. Et le plus grand réciteur de dictées de France préfère continuer à jouer avec ces mots qui font la richesse de notre langue. Il s’invente un destin d’écrivain obtenant le Prix Goncourt avec un roman très léger « Au secours les mots m’ont mangé ». L’histoire d’un homme qui se laisse dominer par les signes qu’il produit sur la feuille blanche. C’est un hommage malicieux, inventif et drôle aux hôtes immuables du dictionnaire…