Divine surprise !… Ce film de Franck Dubosc n’est pas une de ces gauloiseries sans âme qui essayent péniblement de nous faire rire, et qu’on oublie aussitôt vue… Ici j’ai ri franchement, car le comique est d’un registre inattendu. L’humour macabre bien sûr, mais aussi surtout une cascade d’événements rocambolesques résultant d’un simple accident sur une route de montagne dans le Jura. La rencontre improbable d’un ours sur la route est à la source de ce jeu de dominos aux effets énormes. Le plantigrade est pourtant absent de cette région, ce qui montre le caractère exceptionnel de la chose. Mais quelle maestria dans la succession des catastrophes !…
Le spectateur est balloté, et rit aux éclats devant des personnages pris dans des événements qui les dépassent, et qui font preuve de toutes les réactions épidermiques de notre époque : l’appât du gain, la perte de valeurs, le combat du local contre l’étranger… Personne n’est épargné dans ce jeu de culbuto dans un village jurassien où le mistigri de la corruption saute de l’un à l’autre. Le film a le côté réjouissant de ces petits en lutte contre les gros pour profiter du gâteau. Toutes les barrières morales explosent devant l’opportunisme généralisé qui touche tout le monde.
C’est une course à la galette savamment assaisonnée par un Dubosc qui touche juste, et qui s’est entouré d’acteurs au sommet de leur art, en particulier une Laure Calamy épatante en maîtresse-femme aux deux pieds bien plantés dans la glaise. Poelvoorde est toujours aussi ébouriffant, tandis que Franck Dubosc est lui beaucoup plus timoré, réservé, très loin de ses stéréotypes habituels. C’est donc un grand éclat de rire, avec un petit arrière-goût acre que cette perte de valeurs n’est pas si éloignée de la réalité.
Il faut finalement mieux en rire, surtout quand le film nous entraîne dans du burlesque pur…