Dieu, que le métier d’enseigner est difficile !… C’est la réflexion qui vient à l’esprit à la vue de ce film tendu comme un arc, qui dégage une tension forte dans ce qui devrait être un lieu de concorde et de paix, à savoir une école. Un film allemand avec cette belle langue de Goethe trop rare sur nos écrans, au message cependant universel. Les instituteurs sont aujourd’hui challengés par des élèves ayant acquis un haut niveau de conscience de leur place dans la société et qui en usent, en bravant parfois l’autorité. Il faut donc une bonne dose de stoïcisme du corps enseignant pour résister à cette déferlante citoyenne et revenir aux fondamentaux.
Comme souvent, l’étincelle vient d’un petit rien, des vols dans l’établissement et une jeune enseignante qui croit bien faire, en laissant la caméra de son ordinateur en veille pour disculper avant de mettre en accusation. Ce qui va donner lieu à une série d’événements en chaîne… Le spectateur se laisse happer par cette histoire au réalisme stupéfiant, avec des jeunes élèves plus vrais que nature. La jeune actrice, Leonie Benesch, est impressionnante dans le rôle d’une enseignante débordant de bonne volonté, qui se révèle pugnace dans l’adversité. On a cependant mal pour elle… L’unité de lieu du récit ne laisse aucun temps mort. Cette école vous secoue comme une machine à laver, laissant le spectateur essoré et pantelant…
Comment a-t-on pu en arriver là ? Nos enfants sont-ils devenus des citoyens ultimes, comme le rêvaient les manifestants des années 68 ? Ou la perte de soumission et l’esprit de révolte, qu’on retrouve à tous les étages de la société, s’opposent-ils au partage du savoir qui est, à la base, un acte de confiance intime entre sachant et novice du savoir ?…
J’avoue avoir éprouvé un peu d’anxiété face à cette perte du respect dû au porteur de l’autorité. Surtout dans un pays comme l’Allemagne qui ne s’illustre pas par son esprit frondeur. Cela doit être bien pire chez nous, pays aux ferments révolutionnaires… Oui assurément, nos enseignants ont du mérite….