The « Fabelmans » : Ce film a un titre peu évocateur qui aurait mérité d’être explicité. « Anatomie d’une passion » me vient à l’esprit, tant il est vrai que ce film autobiographique du jeune Spielberg explique comment est né au cinéma l’un des plus grands réalisateurs de notre époque, aujourd’hui au soir de sa vie.
Une plongée dans les années 50 où le cinéma occupait tout l’espace des loisirs de la jeunesse, à côté du sport et de la conquête amoureuse. Un cinéma qui imprégnait la rétine du spectateur par la qualité de la mise en scène au point qu’un film comme « L’homme qui tua Liberty Valance » avait durablement marqué son époque. Spielberg fait allusion à ce film par deux fois, et avec un tel niveau de référence, je comprends la quête du jeune Spielberg à trouver le bon angle. Et sa jubilation à rencontrer en personne le vieux John Ford.
L’histoire de sa famille est plaisante, avec une mère exubérante jouée avec une très grande justesse par l’actrice Michelle Williams qui fait penser à une chatte. Le jeune Sammy va affronter beaucoup de rejets dans sa condition de juif, mais son acharnement à tout tourner en images va le maintenir en haut de sa condition étudiante. Les images bien cadrées peuvent aussi bien dévoiler un secret familial bien caché, que de mettre en valeur ou de dévaloriser des camarades d’université par le seul jeu de séquences qui se suivent. La puissance des images, et les réactions épidermiques qu’elles peuvent provoquer, est ainsi démontrée par celui qui aura fait trembler la planète avec ses « Dents de la Mer ».
C’est du bon cinéma, comme un message laissé aux jeunes générations, plus marquées par l’action sèche et sur-vitaminée du monde de Marvel que par des jeux de caméra plus subtils, mais non moins violents. Il suffit de voir la sortie pathétique du copain f’université bafoué et humilié pour juger du poids de l’image. Et voir le jeune Spielberg penché sur ses films qu’il découpe, qu’il recolle, qu’il rembobine pendant des heures, est l’expression d’une passion dévorante qui l’aura mené finalement au plus haut de sa spécialité.
Tout est possible quand on a la passion chevillée au corps….