Dès qu’il est sorti, ce livre m’a parlé… Un livre racontant les soldats perdus, ces soldats qui livrent une dernière bataille, alors qu’ils savent qu’elle est perdue d’avance. Combattants pour l’honneur pour défendre jusqu’au bout une cause – juste ou injuste – ces hommes m’impressionnent. Ils trouvent une résonance très forte chez moi, et flattent mes instincts légitimistes. Ne pas se ranger derrière la masse, ne pas être une girouette qui tourne avec le vent, rester fidèle à un engagement, à une idée, à une lutte jusqu’au sacrifice ultime, il y a là un côté sublime. J’aime cette notion de « dernier carré » qui fait référence aux grognards de la Garde impériale.
Dans différents chapitres parfois inégaux, les deux historiens Buisson et Sévillia nous mènent dans plusieurs récits qui s’égrènent dans les siècles et les géographies. Curieusement, les histoires les plus évidentes comme la garde de Cambronne à Waterloo ou la légion étrangère à Camerone sont juste évoquées. Peut-être est-ce trop connu ou trop consensuel… Mais il y a des récits inattendus comme ce chef indien qui a porté la bannière confédérée bien au-delà de la chute de Lee ; ou encore cet autre chef indien qui a continué à défendre la cause de la France au Canada, après le retrait de celle-ci ; ou aussi ces derniers défenseurs du monde chrétien à l’est à Constantinople et Trebizonde.
Qu’est ce qui pousse un homme et une femme à poursuivre un combat perdu ? L’impossibilité de se voir vivre dans un autre monde, comme ces allemands nazis qui luttèrent jusqu’à la mort ? Une fidélité à la parole donnée ? Une adhésion quasi mystique à une cause ? Comment comprendre ces Français SS qui ont convergé au printemps 45 vers Berlin pour défendre le bunker d’Hitler ? Cette histoire n’est d’ailleurs pas racontée, comme quelques autres oublis ( le sacrifice des gardes suisses pour défendre le roi Louis XVI contre son peuple notamment ).
Tous ces récits sont stimulants, quoi qu’il en soit… Dans un monde matérialiste où l’opportunisme et l’égocentrisme règnent en maitre, il est réconfortant de voir que la cause commune a pu être le dernier moteur de vies. C’est simplement beau.
Le livre est inégal et pas aussi vibrant que je l’aurais espéré. Mais il réveille le souvenir de perdants, de ceux qui n’ont pas fait le bon choix. Mais l’homme n’est-il pas aussi riche de ses erreurs ?