Il y a bien longtemps que je n’avais autant vibré à une série télévisée ! J’ai même été ému aux larmes à certaine scènes intimistes qui transcendent la personnalité du grand Homme.
France 2 porte, en effet, très haut les couleurs du service public avec la fiction sur de Gaulle passée hier au soir ( « de Gaulle, l’éclat et le secret » ). Des images d’une grande puissance émotionnelle… J’en tremble encore… François Velle, le réalisateur, a su si bien saisir la texture du personnage, le personnage public que l’on connaît, mais aussi l’homme privé, tellement discret que la découverte n’en est que plus sublime.
Le réalisateur, flanqué de deux scénaristes qu’il faut remercier, a extrait de la vie foisonnante du Général quelques moments intenses. Il se concentre sur l’essentiel pour montrer l’homme de coeur dans ses rapports avec sa fille handicapée, le patriote dans ses rapports parfois houleux avec Churchill, le juste qui sous-pèse l’action des collabos lors de l’épuration, le démocrate qui refuse de rétablir une République qui n’avait, à ses yeux, jamais continué d’exister, l’homme de principe qui se retire du pouvoir après la guerre pour s’exclure des petits jeux politiciens, l’homme seul qui se tient à l’écart, en espérant trouver son heure dans un avenir incertain… Et puis, aussi celui qui montre indulgence et tendresse pour les femmes, toutes les femmes, porteuses de l’humanité et des futures lignées.
A l’heure où Donald Trump affiche toutes les compromissions et s’agite comme un clown pitoyable, le téléfilm de France 2 nous montre les qualités d’un vrai chef d’Etat, le sens du devoir, de l’intérêt collectif, l’ouverture sur les autres. Quel rafraîchissement dans l’échelle de nos valeurs !
Cet homme était assurément paré de multiples qualités. Mais, comme le débat qui a suivi la fiction le rappelait, il n’en a pas moins été détesté. Conspué par beaucoup de ses contemporains qui lui reprochaient ses choix et le suspectaient de dérives totalitaires. Mon environnement familial immédiat lui était notamment hostile. Trop à droite dans une époque qui ne voyait pas d’autre salut que communiste. Ses positions tranchées d’après-guerre et sa clairvoyance sur l’Algérie française n’aidaient pas certains à dépasser le strict cadre des passions. Pourtant, qu’est-ce qu’on aimerait qu’il nous revienne !
La prestation de Samuel Labarthe dans le téléfilm est puissante, quasi habitée. Il nous rend l’image d’un de Gaulle humain, ouvert, qui plie parfois sous le poids des responsabilités, mais malgré tout, tient le cap dans la tempête. Le petit Général deux étoiles qu’il était, se créait une légende. Il faut voir face à lui les yeux qui brillent du Général Leclerc, général trois étoiles qui était pourtant son supérieur hiérarchique, pour comprendre que la force d’une idée et d’un idéal dépasse toutes les contingences de la société.
De Gaulle nous manque… Ses valeurs, en particulier, qui brillaient si haut qu’elles emportaient tout avec lui, comme une étoile du berger. Il est important de lui rendre cette justice. Pour réapprendre à vivre dans notre époque désabusée, rien ne vaut un bon retour aux basiques. Ce téléfilm y contribue. Il est à voir….
Eh oui, homme intègre, serviteur de la République… C’est ce que n’ont jamais été ses successeurs, sans aucune exception.