Je suis toujours épaté quand un auteur contemporain arrive à retranscrire une époque lointaine avec minutie, au point qu’on se sent obligé de vérifier si l’on ne s’est pas trompé sur sa date de naissance. Arriver à raconter les années 1880 en donnant une texture au récit dense et patiemment tricotée relève d’un travail d’historien. Et on sourit à ces retours en arrière qui se situent dans les années 1840 ou encore à celles de la guerre de Crimée. Mais oui, bien sûr, cela a l’air tellement naturel.
Robert Goddard est un écrivain britannique très prolifique. Et on peut le créditer d’un certain savoir-faire pour nous raconter une histoire. C’est long, dense et totalement immersif. Replonger tous les soirs après le bureau dans le Londres des calèches de l’époque victorienne m’a procuré beaucoup de plaisir.
L’Heritage Davenall est une vraie réussite. Derrière ce titre agatha christien, se cache une histoire de retour d’un jeune aristocrate, quelque 12 années après sa disparition inexpliquée. Est-ce bien lui ? se demandent tous ses proches. L’existence d’un bel héritage excite toutes les passions. L’amour s’en mêle aussi avec le réveil des sentiments chez son ancienne fiancée.
L’intrigue est complexe, mais facile à suivre si l’on prend son parti des quelques digressions qui visent à densifier la personnalité des protagonistes. C’est subtil quand le lecteur réussit à avoir une vision d’ensemble de l’intrigue, soit dans les toutes dernières pages qui réservent quelques surprises. Le lecteur est balloté par l’auteur qui distille le doute, ouvre de fausses pistes et finit par un coup de tonnerre final. Les moeurs de l’époque victorienne n’en ressortent pas grandies. Voilà de la bonne littérature. Très anglaise dans sa structure, jusque dans sa façon de brocarder un rejeton de la famille Bonaparte. Mais les personnages sont bien campés et savent nous faire adhérer à leurs tourments. Cela donne envie, en tout cas, d’aborder d’autres romans de l’auteur…