Ce film m’a fait penser à une belle tranche de pain de mie grillée, le dimanche matin au réveil, avec une délicieuse odeur de café qui vous chatouille les naseaux. Autrement dit, il parle à votre instinct, et participe d’un bonheur instantané. Celui qui est enfoui très loin dans votre cortex et qui se réveille au contact de vieilles photos ou d’une réminiscence qui vous envahit parfois de manière impromptue.
C’est un film sur l’amitié, l’amitié forte, fusionnelle, celle qui se crée dans les années insouciantes de l’adolescence et des années d’étude. Celle qui repose sur les 400 coups, les coups d’éclat d’une vie de patachon, et les amours naissantes. Celle qui semble aussi naturelle à vivre que l’oxygène à respirer, avant que vie professionnelle, couple et enfants viennent perturber ce bel équilibre. Une histoire tellement intemporelle qu’elle parle à toutes les générations, et pas seulement à ceux qui sont nés dans les années 80.
Pour raconter cette histoire, le réalisateur a fait un choix audacieux de petits films courts qui s’enchaînent, façon scènes de vie, avec une image imparfaite, comme tous ces films amateurs tournés avec des moyens dérisoires. Un choix pas si audacieux, au demeurant, car on s’y habitue très bien. En plus, c’est une manie de notre époque de mettre sa vie en scène au travers des réseaux sociaux, et le film est en adéquation totale avec le voyeurisme du moment. En tout cas, cela donne au film une authenticité absolue. Les jeunes acteurs sont d’un naturel confondant. Ce n’est pas un film que l’on a devant soi, mais des extraits de notre propre jeunesse. Les anecdotes sont criantes de vérité, la justesse de ton parfaite, notamment dans des scènes hilarantes de travaux d’approche timides entre les deux sexes. On rit, on sourit, on est bien devant ce bain de jouvence cinématographique. Nostalgique sans vraiment l’être. Un juste équilibre, une fulgurance de la mémoire qui ne peut que toucher de manière universelle.
Pour la première fois depuis longtemps, j’ai apprécié le jeu tout en retenue de Max Boublil; la jeune Alice Isaaz est une vraie découverte; elle transcende l’écran, comme tout le casting qui réussit le tour de force de reproduire près de 20 années d’existence, avec des acteurs différents, sans que le spectateur ne soit jamais perdu. Bravo à la directrice du casting, elle a fait un travail remarquable…
Au final, un film à voir si vous voulez revivre les émois, les émotions et les conneries de la sortie d’enfance… On ne vit qu’une fois, mais c’est sympa de revivre sa propre vie au cinéma.