Has been ou simplement décalé ?

Spotify continue à m’offrir des incursions dans la musique du passé. Avec parfois, des mélodies qui évoquent des madeleines de Proust musicales, comme des réminiscences auditives d’un passé paraissant lointain. En l’occurrence, ce n’est pas si loin puisqu’il s’agit de la fin des années 90 et du crooner Dany Brillant. Déjà, à l’époque, c’était un peu un ovni dans la variété française avec sa « Suzette ». Un chantre de l’amour délicieusement désuet.

J’avais alors pris la peine d’approfondir la question au delà de la chanson « Suzette » qui l’avait rendu célèbre. Avec notamment son très bel album « Nouveau Jour ». J’avais découvert un sacré faiseur de mélodies et un parolier subtil, qui était loin de mériter le caractère mièvre de chanteur à midinette qu’on lui prêtait souvent. Et puis quel entrain, quel optimisme !… Dany et ses chansonnettes ont souvent accompagné mes voyages en voiture, alors que mon équipage en totalité avait sombré dans les bras de Morphée.

Ecouter son dernier album « Rock & Swing », sorti ces derniers mois, est absolument incroyable. C’est un retour en arrière de 20 ans, comme si les années écoulées pesaient des minutes. L’homme n’a pas changé. Pas d’un pouce. Pas d’un millimètre. C’est le même qu’il y a vingt ans. Il nous berce de ses guimauves sucrées avec sa fougue d’homme perpétuellement amoureux. Il chante l’amour avec le même enthousiasme. Rien n’a changé sous le soleil « Brillant ».

Même le titre de ses chansons est à l’unisson : « la vie est belle »; « moi j’y crois toujours » ; « tu es mon rêve »; « c’est l’amour qui rend heureux »… Comme s’il se pastichait lui-même en faisant assaut de déclarations naïves. Mais, en fait, il n’y a pas de second degré. Cet homme a gardé son âme de jeune homme s’émerveillant de l’amour et des émotions du coeur. D’une naïveté authentiquement déroutante…

Au delà sans doute d’un petit clan de fidèles, on peut se douter de l’accueil qu’apporte notre société cynique à de telles « fadaises ». Je ne suis pas grand clerc, mais je ne m’étonne plus qu’on ne l’entende plus à la radio. Et notre crooner du bonheur en a pâti, puisqu’il aurait connu une profonde dépression, confiait-il récemment dans Paris-Match.

Pourtant, si vous l’écoutez avec une âme d’enfant, vous vous laissez vite entraîner par ses mélodies, ses paroles, sa simplicité, son humanité… C’est du bonheur pur, comme un goût de bonbon carambar, quand l’amour vous donnait des ailes de papillon dans le coeur.

Il faut sauver le soldat Dany… Savourons sa spécificité de jeune amant éternel. Et écoutons-le plus souvent. Il le mérite assurément…