Volkswagen : anatomie d’une tricherie…

Volkswagen : ce groupe automobile est un rouleau compresseur. Il écrase tout avec ses nombreuses marques, Volkswagen, Audi, Skoda, Seat, Porsche, Lamborghini, Bentley, Ducati, Scania… Il est devenu pour beaucoup la quintessence de la qualité automobile et se positionne avec une arrogance assumée comme le premier, le constructeur le plus abouti, autrement dit « das Auto ». Un choix ultime qu’il serait de mauvais goût de contester…

Dans ce contexte, le reportage d’Arte « Heurs et malheurs d’un géant de l’automobile » apparaît comme un coup de tonnerre. Un formidable pied de nez d’un média à moitié allemand au consensus industriel teuton. Un film à voir impérativement…

Le scandale de la tricherie des émissions des Diesel Volkswagen a, certes, un peu occupé le terrain médiatique à l’automne 2015. Et puis le temps a passé, et les clients ont oublié. Volkswagen continue à truster les premières places dans le palmarès des ventes européennes. Et pourtant, cette affaire était très instructive sur le mode de fonctionnement d’un géant allemand censé représenter toute l’industrie allemande. C’est à la gloire d’Arte d’avoir analysé froidement les origines du scandale. Le reportage est glaçant !… Et à l’heure où les consommateurs deviennent exigeants sur le caractère bio ou socialement responsable des produits qu’ils achètent, ils feraient bien d’être attentifs à l’éthique attachée à la voiture qui dort dans leur garage.

Vous trouverez ici le lien vers ce film d’Arte ( Nota: le film n’est plus visible hélas depuis le 22 Août ). J’ai été scotché par ce film qui rappelle les origines de la marque. Une marque voulue par Hitler, et qui, par la suite, est restée attachée à la nation allemande. Volkswagen n’a jamais été une boite comme les autres. C’était l’émanation de l’industrie allemande, et à ce titre, sa stratégie ne pouvait être contestée. Cette spécificité a entraîné des choix forts qui ont aidé à construire le formidable parcours industriel de la marque. Mais, en même temps, cela a donné lieu à un pouvoir autocratique de l’entreprise, sans contre-pouvoirs. Une arrogance érigée en style de gestion qui a empêché la société d’afficher ses failles. Parallèlement, le style d’auto-gestion avec les syndicats avait pour conséquence de maintenir une structure de coûts élevés, conduisant le management à maintenir une pression énorme sur les équipes pour faire mieux à moindre coût. Les origines du scandale sur les émissions Diesel étaient en filigrane de la gestion du groupe.

Le film d’Arte est sévère. Il ne tient pas compte de la qualité de l’offre automobile du constructeur, mais s’attache à l’image de marque très écornée. Le reportage soutient que le marché US de Volkswagen ne se relèvera pas de l’énorme perte de confiance. Il faut dire qu’on en apprend vraiment de belles sur les pratiques allemandes. Stupéfiant ! Le constructeur a accumulé les bourdes, dans une gestion dictatoriale de  l’affaire qui se moquait ostensiblement du grand public. Quand on prend ses clients pour des cons, on met sur la sellette l’avenir de sa marque.

Avons-nous été trop indulgents pour das Auto ? La question est ouverte… Pour ma part, moi qui suis un peu nationaliste et attentif à la notion du « made in France », je trouve que les consommateurs européens ont été floués. Dans le jeu de la concurrence, les marques françaises ont été les dindons de la farce. Derrière Volkswagen et toutes les autres marques allemandes, il y avait tout un pays, toute une industrie, toute une classe politique. Le film d’Arte le montre bien… Face à cela, nos marques nationales devaient combattre sur tous les plans : contre des syndicats irresponsables, contre des politiques hostiles à la vitesse et à la voiture en ville, contre des consommateurs volages sans le moindre chauvinisme dans leurs achats, contre une concurrence allemande et japonaise déloyale car reposant sur une conviction bien établie dans ces deux pays d’une supériorité industrielle érigée en loi de cristal… C’est un miracle que Peugeot et Renault aient pu survivre dans ce grand jeu truqué qui se prétend concurrentiel.

Volkswagen est trop gros, trop fort, il a trop entouré le consommateur de ses anneaux de « boa constructeur ». La marque ne mourra pas… Il n’empêche, ériger la tricherie comme principe de gestion est un vrai scandale. Car Volkswagen ose tout, comme le montre bien le reportage. Après la découverte de ses turpitudes, le constructeur a encore tenté de gruger ses clients en prétendant corriger le tir. Le double effet kiss cool de la triche… Il y a de quoi être écoeuré.

Suite à ce reportage, le jugement est manifeste : Volkswagen est une marque de « tricheur ». Il serait temps que ses consommateurs en prennent conscience. Merci à Arte d’avoir enfreint la sacro-sainte solidarité nationale allemande pour dire la vérité. On en avait besoin….