Il est misogyne et peu attentif. Elle est écervelée, petit oiseau sur la branche. Il est avocat, aime l’argent. Elle rêve d’occuper mieux ses journées. Ils sont amoureux, ou du moins c’est l’impression qu’ils donnent avec les petits mots doux qu’ils s’échangent. Ils sont de vieux mariés et ronronnent dans leurs habitudes.
Un dîner se prépare avec leurs amis les plus proches. Ils les attendent et échangent des banalités. Mais les amis annoncent qu’ils ont été cambriolés et le dîner tombe à l’eau. Cela va être le détonateur d’une crise conjugale de la plus belle eau.
« La Perruche » est une pièce qui remporte un beau succès pour sa première représentation sur scène. Son auteur, Audrey Schebat, a mis beaucoup de temps pour l’imposer. Mais elle a trouvé en Arie Elmaleh et Barbara Schulz, deux acteurs en couple et complices dans la vie, les bons interprètes pour incarner ce couple en crise. L’exercice n’était pas si facile car cette pièce repose sur les petits détails de la vie à deux, ces mini aspérités de l’existence qui peuvent, sous certains angles improbables, prendre un caractère très tranchant. La bobine de l’intrigue est très tenue et menace de se casser à tout moment.
Le début est d’ailleurs peu convaincant. Les deux acteurs – elle surtout – sur-jouent un peu. Et puis, très vite, la pièce prend de la densité. Ce qui était minuscule et futile, enfle comme une baudruche et menace d’éclater. Elle, en particulier, devient plus âpre, plus piquante. Le conflit éclate.
Le succès de la pièce tient sans doute à son réalisme, à sa bonne restitution du quotidien des vieux couples. Cela en est presque gênant. L’impression de malaise se propage dans l’assistance, les rires étant parfois un peu jaunes tant ce spectacle semble familier. Le personnage d’Arie Elmaleh est heureusement caricatural et son caractère faux-cul tellement marqué qu’il fait rire. Sa justification maladroite sur l’homme soumis à ses deux hémisphères sudistes et nordistes est quasi irrésistible. Mais au delà de ces quelques outrances qui visent à faire rire, la pièce suscite de vraies questions sur le couple et sa survie dans le temps. La jeune auteur Audrey Schebat assène quelques vérités bien senties. Au point de s’interroger sur ses propres sources d’inspiration.
La fin de la pièce sonne comme une punition. Une fin glaçante et très bien trouvée…
Les commentaires de spectateurs sur les sites spécialisés montrent à quel point la pièce trouve des résonances chez les uns et les autres. C’est donc une pièce à aller voir en couple, mais sans qu’il y ait de nuages trop lourds dans la relation. Car cela pourrait être aussi dévastateur que dans la pièce.